L'appartement aux secrets de Marthe de Florian
- Par Lydie
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De Marthe de Florian, jolie femme courtisane vers 1900 à sa petite-fille Solange Bellegarde auteur de romans très sentimentaux … un appartement, des immeubles, et le beau portrait par Giovanni Boldini, peintre amoureux
Solange Bellegarde, pseudonyme de Solange Beaugiron, est décédée à 90 ans dans un petit village de l’Ardèche, laissant une oeuvre riche en romans sentimentaux publiés pour la plupart dans une collection à succès chez Casterman ( – où figure aussi Pierrette Sartin, poète et féministe, qui n’a pas ménagé sa ville d’origine, Guéret, d’où est originaire aussi Marcel Jouhandeau – voir » Chaminadour « ). Un de ses livres Gloria, fut adapté au cinéma par Claude Antant-Lara, sans laisser de souvenir.
Elle garde encore ses mystères notamment à propos de son mariage avec un Russe ( à gauche son portrait – à droite, photo de Marthe de Florian ).
Ce qui est certain, c’est que, dès 1940, elle a quitté Paris, et le 9ème arrondissement, le fameux quartier mythique de La Nouvelle-Athènes, pour ne jamais y revenir.
Elle vivait seule en Ardèche, et un épicier lui livrait ses courses à domicile. A la toute fin de sa vie, elle était pensionnaire d’une maison de retraite » Les Pervenches « , où elle est décédée.
Au printemps 2010, il est procédé aux opérations de succession. Un commissaire-priseur de Drouot, mandaté par le notaire de l’Ardèche, est chargé de dresser l’inventaire … et, lors de l’ouverture de l’appartement, c’est la stupéfaction. Tout est resté en l’état, plus la poussière, du temps de Marthe de Florian, la grand-mère de Solange : le lieu de vie au décor rococo d’une courtisane !
Le joyau de l’appartement : le délicat portrait grandeur nature de la dame des lieux dans lequel l’expert Marc Ottavi reconnait le style de Giovanni Boldini. Bientôt, il est authentifié, en recoupant des écrits.
La romancière – réglant ponctuellement les charges – a-t-elle voulu cacher le passé sulfureux de son aïeule, qui s’est pourtant orientée vers un mariage bourgeois ( elle aurait épousé un pharmacien ), en gérant une fortune estimable : plusieurs immeubles à Paris !
Le tout revient à l’épicier fidèle et attentionné, dont elle a fait son héritier.
Le tableau a trouvé preneur lors d’une vente aux enchères à Drouot : un amateur italien l’a acquis pour 2,1 millions d’euros, frais inclus. L’acheteur a reçu aussi des lettres adressées à Marthe de Florian par Waldeck-Rousseau, Deschanel, Clemenceau, Poincaré, Aristide Boucicaut, fondateur du Bon-Marché, Ernest Cognacq, celui de la Samaritaine… des femmes aussi, contenues dans un coffre avec des bijoux. Elles étaient soigneusement conservées et entourées de rubans rouges, bleus, roses. : » Au plaisir de vous revoir, ma chère Marthe « , » Marthe, tes mains, ton corps, me manquent « .
Plusieurs articles ont été publiés récemment à propos de » l’appartement à mystères « , dont celui de » Point de vue », d’où sont tirées ces photos.
S’ajoute un roman L’appartement oublié, par Michelle Gable, une publiciste femme d’affaires américaine aimant aussi écrire – traduit par Christine Bouchareine – Editeur des Falaises. Tellement romanesque qu’elle voudrait faire de Victor Hugo le véritable père de Marthe de Florian ! D’après sa présentation sur internet, on voit bien qu’elle ne fait pas de différence entre Pigalle, etc, et » La Nouvelle Athènes » des lettres et des arts. Marc Ottavi ajoute au roman l’histoire vraie du tableau et de son modèle.
A l’opposé de Solange Bellegarde gardant le silence sur son aïeule, on trouve une journaliste, Yolaine de la Bigne, qui a adopté le nom de la courtisane de sa famille.
Sources : – » Point de vue » – 28 octobre-3 novembre 2015 – Internet- Wikipedia au nom de ces dames – Blogs -dont celui d’un chercheur généalogiste, avec reproductions de coupures de presse.