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Pastoralisme en Montagne : Une Richesse Menacée en 2025

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Ce matin du 25 mai 2025, alors que l’aube éclaire les alpages français, les cloches des troupeaux en transhumance résonnent dans les Alpes, les Pyrénées ou le Massif Central. La fête de l’estive, qui attire des milliers de personnes pour célébrer cette tradition, témoigne d’un engouement culturel indéniable. Pourtant, derrière cet attrait touristique, peu font le lien avec les bienfaits extraordinaires de cet élevage extensif : les prairies de montagne stockent le carbone, préservent des milieux ouverts riches en biodiversité, maintiennent un tissu rural vivant et offraient autrefois un bien-être animal remarquable. Paradoxalement, ces mêmes admirateurs soutiennent souvent les loups et prédateurs, ignorant les drames qu’ils causent, tandis que les aides environnementales peinent à atteindre les éleveurs. Plongeons dans cette richesse écologique et les défis qui la menacent.

Ces massifs, qui couvrent 25 % du territoire français, abritent 20 % des espèces végétales européennes protégées selon l’UICN (2024). Façonnés par des siècles de pastoralisme, ils sont des remparts contre l’érosion et des puits de carbone majeurs. Les herbes des alpages, avec leurs racines plongeant jusqu’à 1,5 m, séquestrent entre 0,7 et 1,2 tonne de CO2 par hectare et par an, avec des pics à 1,5 tonne dans les Hautes-Alpes, d’après l’INRAE (2024). Une prairie pâturée stocke deux à trois fois plus de carbone qu’une friche abandonnée, selon des études européennes de 2023, et pourrait compenser 5 % des émissions agricoles françaises si elle était valorisée. En entretenant ces paysages ouverts, l’élevage prévient l’embroussaillement, protégeant des espèces comme l’ortolan ou l’aigle royal – 30 % des habitats prioritaires de l’UE y sont recensés – et réduisant les incendies, comme en témoignent les 15 000 hectares préservés dans les Cévennes en 2023 (IRSTEA). Ce pastoralisme soutient aussi un tissu rural essentiel, employant directement 150 000 personnes en 2025 (estimation INSEE), un héritage culturel en péril.

Les troupeaux bovins, libres sur les alpages sans rentrer la nuit durant l’estive, vivaient autrefois dans la sérénité, profitant d’une qualité de vie supérieure avec moins de stress et une longévité accrue. Mais depuis l’arrivée des prédateurs, ces estives sont devenues un champ de bataille. Dans le Massif Central, le loup et le vautour, bien présents, sèment la terreur parmi les élevages Aubrac et Salers. Une attaque récente, documentée sur Facebook, a laissé des traces visibles, révélant l’ampleur du drame pour les animaux et les éleveurs. On en a marre de voir nos troupeaux payer un tel prix ! Les filières AOP comme l’Agneau de Sisteron ou le Bœuf de Lozère tentent de valoriser cette tradition, mais le bien-être animal est aujourd’hui compromis.

La pression des prédateurs s’intensifie : avec environ 1 000 loups en 2025 (tendance estimée), 12 000 attaques ont été recensées en 2024, touchant les Alpes, Pyrénées et Massif Central, où les vautours ajoutent à la menace. Les solutions comme les chiens de protection ou les clôtures, impraticables en montagne, échouent. Seule une régulation par tir ciblé semble viable pour protéger ces élevages. Pourtant, face à ces défis, les éleveurs manquent cruellement de soutien. Certains parcs naturels se targuent d’avoir obtenu 5 millions d’euros sur 5 ans pour les zones humides lien, mais en Aveyron, ces fonds se font rares, redirigés vers d’autres zones ou Natura 2000, ou profitant juste à une poignée. Le périmètre Natura 2000 exclut même des zones humides aveyronnaises, une gestion déconnectée du terrain. La DRAAF Occitanie lien oriente les aides environnementales vers l’intensif, estimant que réduire naturellement son impact ne mérite pas de soutien, tandis que les aides pour l’ouverture des espaces sont refusées sous divers prétextes.

En Lozère, la situation empire avec 27 300 hectares classés prairies sensibles en 2023 lien, déclenchant des manifestations après une décision unilatérale. L’interdiction de labourer, assouplie à 25 % des surfaces sous dérogation lien, bloque les éleveurs. Ils ne peuvent pas revenir à des pratiques moins écologiques, mais ceux qui voudraient candidater aux aides, exclus, finissent par adopter ces méthodes par découragement. Pendant ce temps, le tourisme – sentiers et gîtes – draine des millions (2 M€ dans les Alpes en 2024, Atout France), mais moins de 5 % de ces retombées atterrissent dans les poches des éleveurs (estimation FDSEA). Cette logique décourageante pousse beaucoup à abandonner les pratiques écologiques, écœurés de voir leurs efforts ignorés.

Le pastoralisme de montagne est bien plus qu’une tradition : c’est un pilier écologique et social. Face à la pression des prédateurs et aux aberrations des aides, il est urgent de réclamer une régulation ciblée, un soutien équitable aux pratiques extensives, et une redistribution loin des intérêts touristiques ou intensifs. Ces éleveurs, gardiens de territoires d’exception, méritent mieux qu’un avenir compromis.
Pour aller plus loin

  • INRAE : Pastoralisme et Carbone - inrae.fr (recherche "pastoralisme carbone").
  • IRSTEA : Gestion des Risques Naturels - irstea.fr (archives sur l’érosion).
  • Ministère de l’Agriculture : Soutien aux Éleveurs - agriculture.gouv.fr.

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