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Encre Nocturne   

Là où vont les statues brisées - 2 - Le chat qui aimait les licornes

Cornedor | Publié le sam 16 Sep 2017 - 14:37 | 1382 Vues



-  Le chat qui aimait les licornes -

 

           

 

 

           

            Matar n'était pas de ces bêtes stupides qui se vautrent à longueur de journée devant l'âtre chaud.

            Le jour durant, il courait, bondissait, explorait le village, et surtout, il espionnait les hommes.

            Il les suivait, les regardait sculpter, les accompagnait partout. Et apprenait beaucoup.

            Matar était le genre d'être qui n'est jamais rassasié de connaissances, et dont l'œil averti ne laisse rien passer. Il savait tout de l'utilisation de la gouge, de la gradine, de la défonceuse, du fer à souder, du poinçon et du maillet ; des deux écoles différentes de sculpture – avec modèle en argile ou à l'instinct –, de la façon qu'avaient les sculpteurs de tracer un croquis sur leur bloc de taille.

            Assis sur l'appui de fenêtre de son maître, plein d'aplomb, à l'épreuve du vide qui s'ouvrait sous ses pattes, le gros chat tigré observait le curieux manège des sculpteurs, qui s'activaient dans la nuit, devant l'Atelier.

            Matar aimait bien l'Atelier. Il y faisait bien chaud, grâce aux forges ardentes ; cela sentait bon la poussière de pierre et la sueur humaine, et il y avait toujours quelqu'un pour lui apprendre de nouvelles choses, et lui offrir une caresse.

            Ah oui, et par-dessus tout, l'antique bâtiment foisonnait de souris, et comme ces bestioles rongeaient le bois et la pierre qui servaient aux œuvres, les hommes n'étaient que trop contents de voir un chat dans les parages.

            Et lui n'était que trop content de voir des rongeurs croustillants courir dans tous les coins.

            Donc, en cette nuit d'hiver aussi glaciale qu'obscure, les hommes s'activaient en contrebas de l'Atelier, dans un silence religieux que Matar trouvait extrêmement étrange pour une scène aussi chargée de tension et de liesse. Des enfants galopaient d'un bout à l'autre du village, des adultes suaient en ouvrant la grande verrière, perchés sur le toit puissant du bâtiment. Et tout cela dans le silence le plus complet.

            Ces cérémonies n'étaient pas inconnues du gros chat, qui pouvait se vanter d'avoir déjà vécu plusieurs années dans ce village. Mais elles le surprenaient chaque fois davantage. Et celle-ci plus encore : d'habitude, son maître rentrait tôt et observait avec lui, de loin, le ballet des hommes et des statues ; mais cette nuit, il était resté avec les autres et prenait part au déverrouillage de la verrière. Matar distinguait sa silhouette si caractéristique, longiligne, aux épaules voûtées, cachée dans les replis de son manteau épais.

            Résolu à l'attendre, le chat au pelage semé de tigrures sombres quitta son appui de fenêtre, se glissa à l'intérieur de la chambre, bondit sur le bureau puis sur le plancher, trottina en contournant le lit, et alla se lover à l'intérieur de la licorne.

            Matar adorait cette sculpture. C'était, à son goût de chat – et le goût d'un chat est forcément meilleur que celui d'un homme – la plus réussie de Diogon. Elle ressemblait aux cadavres de souris lorsqu'il en avait fini avec elles, et le chat était extrêmement sensible aux émotions que dégageaient chaque statue. Certes, le garçon en avait fait bien d'autres depuis, car bien des années avaient passé ; son talent s'était accru, affiné, il avait fait des choix, avait développé des automatismes dans sa pratique, ce genre d'automatismes qui influencent irrémédiablement la pratique d'un artiste, sans pour autant le conditionner. Mais rien n'était comparable à cette licorne, pas même le serpent insectoïde crucifié sur la porte de sa chambre, pas même le gigantesque dragon de basalte noir, aux trois têtes tranchées et dont les vertèbres saillaient le long de l'échine, qui montait la garde dans le jardin au côté des sculptures paisibles de son père.

            La licorne était pleine d'imperfections, de ces petites imperfections dues à l'enfance – car le garçon n'avait que douze ans lorsqu'il avait accouché de cette œuvre, comme d'autres accouchent d'un bébé. Soudures mal menées qui s'étaient fissurées avec le temps, métal trop fin qui s'était tordu, ou encore cette rouille qui parasitait chacun des os de la pauvre licorne. Mais ce que Matar aimait par-dessus tout chez elle, c'étaient les erreurs de proportions qui s'y étaient glissées. Elle avait une grosse tête toute ronde, un corps tout aussi rondouillard avec une croupe surdéveloppée, et de petites pattes mignonnes – du moins pour les deux qui étaient toujours attachées à son corps. Le chat n'avait encore rien vu de plus fort, dans toutes les sculptures du village, que cette créature douce et enfantine réduite en miettes, écrasée au sol et enchaînée avec violence.

            Le chat appréciait également le beau, l'esthétique, le décorum, mais trop, c'était trop, et de son point de vue, les sculpteurs d'ici s'oubliaient trop souvent dans la beauté de leurs œuvres, en y oubliant l'essentiel.

            Il contourna la tête de la licorne, caressant ses joues rebondies du bout de sa queue touffue, ignorant ses yeux immenses et ouverts sur le vide avec désespoir. Il connaissait par cœur ce regard-là. En principe, Diogon préférait symboliser plutôt que représenter, mais pour ce qui était du visage de sa créature, il était passé de la soudure à la réelle sculpture, gravant son expression dans le métal, inclinant la courbe de ses paupières pour lui insuffler cette mélancolie si particulière.

            Matar se glissa à l'intérieur de sa cage thoracique, là où les côtes défoncées lui faisaient comme un berceau, un panier rouillé ; il se lova autour du cœur, cette vieille horloge que Diogon avait chauffée à blanc avant de la marteler sur les côtés, pour lui donner cette forme symbolique et naïve. Le gros chat se mit à ronronner, comme à chaque fois, heureux de tenir compagnie à l'âme de la licorne ; heureux que son cœur à lui se mette à battre pour eux deux.

            Presque endormi, il sursauta lorsque la porte d'entrée claqua au rez-de-chaussée ; il s'extirpa du corps de la licorne, posa les pattes sur le plancher, et fila dans le couloir.

            – Salut, dit seulement Diogon, avant de l'enjamber pour aller s'affaler sur son lit mal fait.

            – Salut ?! C'est tout ce que tu trouves à dire ? s'insurgea Matar en trottinant à lui.

            – Oh, non, commence pas à miauler, gémit le rouquin. J'ai déjà un mal de crâne atroce.

            Matar le regarda poser les coudes sur les genoux, puis se prendre la tête dans ses grandes mains calleuses. Il se tut. Oh non, voilà que son maître déprimait encore. Il fit sa tête de chat-crapaud, les babines tombantes, les yeux exorbités et les oreilles plaquées sur le crâne, avant de bondir à ses côtés.

            Il était temps, Diogon commençait déjà à sangloter.

            – Ils ne m'ont même pas demandé comment j'ai fait, chuchota-t-il entre ses dents serrées. Quelle technique j'ai utilisée pour sculpter la glace par-dessus le métal, ou comment j'ai réussi à mêler les deux ensemble. Rien. (Il reniflait tant que Matar comprenait à moitié ce qu'il disait.) Par contre, ils ont bien ri quand je l'ai présenté et que j'ai dit que je lui avais donné ma gentillesse…

            Il pleura de plus belle, les bras serrés autour de son torse, oscillant d'avant en arrière. Matar frottait sa grosse tête poilue contre son visage humide, ce visage tordu par le chagrin.

            – Putain, mais ils y connaissent quoi en gentillesse ?! hurla soudain le garçon en se recroquevillant sur lui-même.

            – Laisse-les dire. C'est pas ça l'important, tu le sais.

            Mais Matar savait bien que dans une vie d'humain, il n'y avait rien de plus important que soi et les autres. Tout comme il savait que son maître ne comprenait pas ses miaulements.

            – J'en peux plus Matar, gémit Diogon en enfouissant à nouveau son visage grêlé dans ses mains. J'en peux plus… J'en peux plus…

            Il sanglotait si fort à présent que tout son corps était parcouru de soubresauts.

            – Pourquoi ils font ça… Pourquoi… Depuis que je suis petit ils le font… J'ose même plus sortir dans la rue, tu sais… Des cailloux, des insultes… et quand j'essaie de me défendre c'est pire… ils me bousculent, ils me frappent, me font tomber par terre… Et je sais bien ce qu'ils disent quand je suis pas là… Sale roux… Pauvre débile… Mocheté… Je le sais parce qu'ils le disent aussi quand je suis là ! Pourquoi ils font ça Matar ? Pourquoi ?

            Le gros chat s'assit sur ses genoux, nez à nez avec l'adolescent, et leva une patte ronde qu'il posa sur la joue salée de Diogon.

            – Je suis si laid que ça ? Si débile que ça ? C'est de ma faute… Je me laisse toujours faire…

            Il y eut un silence seulement entrecoupé de reniflements.

            – J'ai vraiment cru que ça allait s'arrêter… et puis je ne les insulte jamais, moi… Je leur prêtais des trucs quand j'étais petit… et puis maintenant je fais de belles sculptures… J'ai proposé de leur apprendre mais ils ont… ils m'ont craché dessus et tu sais comment ils sont… Toutes les semaines je retrouve une de mes statues cassée ou fondue… Et les adultes s'en tapent… J'en ai marre… Marre !

            Il s'essuya les joues, se leva – le chat tigré sauta de ses genoux et se rassit sur la couette en désordre, le fixant de ses gros yeux d'or. Le garçon fouilla dans un tiroir de son bureau avec une agitation empreinte de folie.

            – Oh non, miaula désespérément Matar. Pas ça, pas encore. Tu sais que je déteste ça ! Si tes parents te voyaient…

            Trop tard. Diogon en avait sorti une lame de rasoir, et revenait déjà s'asseoir sur le lit, un mouchoir dans une main et l'arme dans l'autre, une lueur fanatique dans ses yeux clairs.

            – Arrête ! brailla Matar. Arrête !

            – Tais-toi ! Laisse-moi ! Stupide chat ! pleura le garçon. Laisse-moi tranquille !

            Matar se tut, vexé, et regarda la lame tracer une ligne rouge sur le poignet de son maître. Celui-ci appuya davantage sur l'acier, découpant sa peau fragile, ouvrant la chair tendre qui se trouvait dessous ; le chat observa le sang faire lentement surface, avec la délicatesse d'un mauvais rêve, et couler le long des précédentes cicatrices. Le visage de Diogon se détendait imperceptiblement, se libérait dans la douleur.

            S'il y avait bien une chose qu'un animal ne pouvait comprendre, c'était bien cet acharnement des hommes à se faire du mal. Ils travaillaient toute la journée durant, s'épuisaient toute leur vie, se forçaient à faire des choses dont ils n'avaient pas envie, et pour couronner le tout, les plus malheureux se scarifiaient ! Matar ne comprenait décidément pas la logique de tout cela.

            Diogon le laissa laper la plaie afin de la nettoyer, lorsque le mouchoir imbibé de sang ne suffit plus. Puis il redescendit sa manche sur la blessure encore suintante, et frotta ses yeux humides.

            – Je suis maudit, Matar. Tout à l'heure ils ont dit que ma statue allait l'être, et moi aussi, mais je le suis déjà ! Je ne sers à rien, mis à part de défouloir pour les autres. Personne ne m'apprécie, sauf mes parents qui ne savent même pas ce que me font les autres.

            Matar leva ses gros yeux au ciel, avant de lui apporter un nouveau mouchoir. Le garçon se moucha dedans à grands bruits.

            – Merci, mon gros. Heureusement que t'es là.

            – Ah, enfin un mot gentil, il était temps ! répondit Matar. Par contre, cesse de m'appeler ton gros, je ne suis pas ton gros, d'ailleurs je ne suis même pas gros, je ne vois pas pourquoi tu dis ça.

            – T'es gentil, sourit le garçon à travers ses larmes, en tapotant la grosse tête joufflue de son chat. T'es gentil…

            Il reprit contenance et se moucha une dernière fois.

            – Les Dieux vont nous maudire, ma statue et moi. C'est ce qu'on dit les maîtres, tu sais. Qu'elle était trop proche de l'humain. Et tu sais ce qu'il advient quand une statue est maudite.

            Oui, Matar le savait. Il connaissait les légendes qui tissaient les traditions du village. Lorsqu'une statue n'était pas digne d'accueillir la vie, elle se brisait irrémédiablement et devenait porteuse de mort. Tous ceux qui croisaient son chemin disparaissaient dans des circonstances plus affreuses les unes que les autres.

            – Je ne veux pas que ma statue soit seule. Si elle tue tout le monde autour d'elle, elle finira aussi seule que moi, et je ne veux pas que ça se passe comme ça. Je vais lui donner une amie, une protectrice. Quelqu'un qui ne pourra pas mourir à ses côtés.

            – Je comprends rien à ce que tu baragouines, miaula le chat tigré en reprenant sa tête de crapaud triste.

            L'adolescent le posa sur le lit à côté de lui ; il se leva et s'activa autour de la licorne échouée à terre.

            – Elle ? s'étonna Matar en observant son manège, les yeux ronds. Dans l'état où elle est, elle fera pas trois pas ! Tu devrais plutôt faire ça avec ton dragon décapité, il est plus costaud.

            Il prit conscience de ce qu'il venait de dire et rectifia :

            – Oui, bon, le problème c'est qu'il est décapité. Certes. Mais bon.

            – Arrête de miauler deux minutes ! grinça son maître. Tu veux faire venir les parents, ou quoi ?

            Matar grommela dans ses moustaches et regarda Diogon rassembler la licorne disloquée, la prendre dans ses bras avec délicatesse.

            – S'il te plaît, prends vie toi aussi, murmura-t-il à son oreille figée. S'il te plaît. Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi. Pour tous ces moments où tu m'as écouté avec patience, où tu m'as supporté. Mais maintenant, c'est l'autre Diogon qui a besoin de toi, d'accord ? Lui, c'est juste un autre moi. Je veux que vous restiez ensemble, que vous vous aidiez. Que vous vous aimiez.

            Matar le rejoignit et s'assit à côté de lui.

            – Je suis désolé de t'avoir enchaînée si longtemps. Je voulais te garder avec moi. J'avais besoin de toi. J'étais égoïste, je voulais que tu prennes vie, mais sans que tu puisses t'enfuir. J'étais un sale gosse… Mais je te libère cette nuit. Je sais que tu as une âme, tu fais partie des statues qui en ont une. Matar le sait lui aussi. Je suis sûr qu'il t'a déjà vue bouger quand je n'étais pas là.

            – Je ne dirai rien, répliqua le chat en roulant des yeux. C'est un secret entre nous.

            – Va avec le nouveau Diogon, pars avec lui. Il faut qu'il ait quelqu'un sur qui compter. J'ai toujours pu compter sur toi et sur Matar. Il faut qu'il ait droit à la même chose.

            Le garçon déposa doucement sa licorne à terre, rassemblant ses membres épars.

            – Je suis désolé de t'avoir faite infirme… Je m'en veux… Mais il est trop tard à présent. Fais de ton mieux…

            Il caressa les longues chaînes de sa crinière, qui s'étiraient du cou jusqu'aux poids de bronze scellés sur le plancher. Ses mains habiles détachèrent les lourds anneaux. Un par un. Rendant sa liberté à la créature.

             – Voilà. Tu es toute rouillée… J'aurais dû prendre soin de toi… Pardonne-moi.

            – Tu ne vas pas te remettre à pleurer ? grogna Matar dont la queue fouettait l'air avec mécontentement.

            – Chut, mon gros. (Le chat lui fit les gros yeux.) Maintenant c'est à toi qu'il faut que je parle.

            Il le prit dans ses bras et Matar se mit à ronronner dans un réflexe irrépressible. Il adorait l'odeur poussiéreuse qui se dégageait du garçon, une odeur de sculpteur.

            – Je vais m'en aller, Matar. Tu ne vas plus me voir. Personne ne me verras plus. Je suis désolé. Je t'aime, tu sais. J'aimerais bien rester rien que pour toi…

            Il se rembrunit d'un coup et son visage perdit sa douceur, retrouvant la dureté de l'acier.

            – Mais si je reste pour toi, je resterai pour les autres aussi. Je ne veux plus les voir, tu comprends ?

            Il grattouilla le menton du gros chat mou, qui hérissa ses moustaches de bonheur. D'accord, le petit allait faire une fugue, ça ne lui posait pas de problème. Ce serait toujours plus constructif que de s'ouvrir le poignet. Il allait l'accompagner, ça ne lui ferait pas de mal de se dégourdir un peu les pattes.

            – Mais toi, je te dis un truc : je ne veux pas que tu t'approches de ma statue. Du nouveau Diogon. S'il est maudit par les Dieux, il sèmera la mort partout sur son passage. Je ne veux pas que tu meures. Alors tiens-toi éloigné de lui, d'accord ? Tiens-toi bien loin de lui.

            – Je m'en fiche, de ce soi-disant Diogon, c'est toi mon maître, c'est toi que je vais suivre dans ta petite fugue sympathique.

            L'adolescent le posa à terre et s'approcha de la fenêtre, avant de l'ouvrir et de passer la tête au-dehors.

            – J'espère que tu as compris… Ne t'approche pas de cette statue. Je sais que tu es un gros curieux mais fais ça pour moi ! D'accord ?

            – Ah, je nous imagine déjà. Deux célibataires endurcis, deux explorateurs fiers et vaillants en train d'arpenter une montagne quelconque au soleil couchant. Je suis certain que ce sera bien plus intéressant que ce village rempli d'idiots bigots.

            Diogon s'agrippa au cadre de la fenêtre, et grimpa sur le rebord étroit. Puis il se mit debout, à l'extérieur, plaqué contre la façade de la maison. De là, il passa sur le toit avec une difficulté manifeste. Le gros chat regarda disparaître ses pieds.

            – Oh, ça faisait longtemps qu'on n'était pas montés sur le toit pour regarder les étoiles. Tu te souviens, on faisait souvent ça quand tu étais plus petit. Mais la maison n'avait encore que deux étages, là elle en a quatre, d'ailleurs entre nous, je n'ai jamais compris pourquoi tes parents avaient voulu l'agrandir autant, s'ils avaient cinq enfants je comprendrais encore, mais…

            – Arrête de miauler ! Les parents vont venir… Je ne veux pas… qu'ils voient ça…

            – Ah, c'est sûr qu'ils seraient pas très contents, commenta le chat en se glissant à son tour sur l'appui de fenêtre. Mais au fait, cette fameuse fugue, on s'y met ? Non parce que je nous vois déjà partir vers l'aventure tous les deux, comme je le disais à l'instant, je vois déjà nos deux silhouettes disparaître à l'horizon sur fond de soleil couchant, ce serait vraiment…

            Matar ne comprit pas tout de suite lorsque le corps du garçon lui passa devant le nez, dans un sens manifestement vertical – et manifestement descendant. Ce fut seulement un battement de cœur plus tard qu'il réalisa ce que venait de faire son maître.

            – DIOGON !

            Son cri couvrit le bruit mat du corps qui venait de s'écraser au sol.

            Le chat se pencha doucement par-dessus l'appui de fenêtre.

            Diogon s'était jeté tête en avant.

            En plein sur les lourds pavés de pierre qui entouraient la maison.

 

           

           

           

           

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