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Encre Nocturne   

Assassin [-13] [Chapitre 6]

Pako | Publié le lun 16 Oct 2017 - 23:03 | 1064 Vues

Chapitre 6 : Eilrahc Steinway

 

-Otez-vous de mon chemin.

Je lève la main et émet une onde de choc qui envoie valser les trois garçons contre les murs.

Je suis forte.

Je cesse immédiatement de me préoccuper d'eux. Je sors du bâtiment. Dans la cour, les cris d'enfant résonnent. Quelqu'un qui doit avoir mon âge s'approche de moi en souriant. Il est gros, et tient un biscuit d'une main, et un gros livre de l'autre.

-Charlie ! Tu es sortie de l'infirmerie ? Que t'as dit Jones ? demande-t-il en croquant dans le biscuit.

-Ecarte-toi de ma route, réponds-je en levant la main.

Je suis forte.

-Qu'est-ce que t'as encore inventé ? Allez, raconte ! s'écrie Matthieu en me prenant l'épaule.

C'est alors que je perds le peu de sang-froid que j'avais. J'attrape son poignet et fait basculer son corps par-dessus mon épaule. Il heurte le sol dans un cri, et j'entends avec satisfaction le bruit des os qui se brisent. Je suis forte. Il ne se relève pas et j'enjambe son corps pour continuer ma route vers la sortie.

Je suis forte.

-Matthieu ! crie Thibault derrière moi. Charlie, arrête ! Reprends-toi !

Il me saisit le poignet, et je lui tords le bras dans le dos en une fraction de seconde. Je force un peu plus et lui déboite l'épaule sans hésiter. Il s'effondre, et j'enjambe un nouveau corps.

Je suis forte.

Le portail est proche, mais c'est maintenant Salim qui me barre la route. Il a l'air prêt à en découdre, placé en position de combat.

-Je n'ai pas peur de toi, Eilrahc.

Je ne réponds pas et me place face à lui, centre de gravité abaissé, poings devant le visage. J'attends qu'il attaque le premier. Nous nous jaugeons quelques secondes et il se décide enfin à foncer.

J'esquive son poing en me baissant et passe derrière lui en un éclair. Je lui mets un coup de pied dans le dos et il bascule en avant, emporté par son élan. Il tombe de tout son long et je lui assène un dernier coup de talon dans l'estomac.

Je suis forte.

Je me détourne et repars tranquillement vers les grilles de fer. Je passe le portail et quitte le foyer, direction le palais royal. Je cours pour faire le trajet plus vite. J'arrive au palais à peine essoufflée, et passe le poste de garde sans soucis, en cassant simplement une ou deux rotules.

Je suis forte.

Mon objectif n'est plus très loin. Je m'arrête quelques secondes devant la majestueuse porte de la salle du trône. Devant elle, une dizaine de gardes d'Or sont en posture défensive, bien décidés à m'empêcher de rentrer dans la pièce. Ils me prennent pour une ennemie. Je leur donne raison en les attaquant, les mettant hors combat les uns après les autres. Je finis rapidement et pousse la porte, qui s'ouvre sans effort. Dans le fond de la salle, celui que je suis venue voir.

J'avance lentement, ne le quittant pas des yeux. Il est nonchalamment assis en tailleur sur son trône. Ses longs cheveux noirs ne sont pas coiffés et retombent en pagaille devant ses yeux bleus presque blanc.

Théodore Steinway, le roi. Mon frère jumeau.

-Eilrahc, te voilà enfin, dit-il en se levant et en descendant les marches qui nous séparent encore.

Il me prend dans ses bras et je réponds à son étreinte. Mais Charlie pousse dans mon esprit. Je lutte depuis quelques secondes, mais elle devient de plus en plus forte.

Laisse-moi sortir ! c'est mon corps !

Erreur, c'est notre corps. Et tu l'as habité pendant bien trop longtemps.

Non ! Je vais reprendre le contrôle !

Théodore ressent mon trouble et se défait de l'étreinte.

-Eilrahc, qu'est-ce qui se passe ?

Je porte la main à ma tempe. La présence de Charlie ne fait qu'augmenter. Je ne tiendrai pas longtemps.

-Elle... Ne va pas me laisser faire... Elle est toujours là.

-Retourne te reposer, Eilrahc. Je gèrerai Charlie, et surtout, revient plus forte que jamais. A ce moment-là, nous serons invincibles.

-Très bien.

Je suis forte.

Je prends une dernière fois mon frère dans mes bras avant de laisser la place à Charlie.

J'ai gagné !

Pour cette fois seulement. Je suis forte, ne l’oublie pas. 

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