L'Empire de Charlemagne, une vaste mosaïque de peuples
- Par Gimdolf_Fleurdelune
- 1820 vues
L'Empire de Charlemagne comprenait les plus diverses et manquait par la même d'unité. Parmi les pays dont il composait, les uns étaient incorporés, les autres n'étaient que tributaires. Les premiers formaient le domaine proprement dit.
Ces immenses Etats n'étaient pas soumis à un régime uniforme. Conformément à un principe alors couramment admis, celui de la personnalité des lois, Charlemagne avait laissé à chacun des ethnies soumises leur droit propre et leurs institutions privées. Il avait néanmoins chercher à créer un gouvernement central et à établir le plus d'unité possible entre les institutions politiques.
Charlemagne s'était réservé l'administration directe d'une très grande partie de son empire. Puis, il avait constitué pour ses deux fils, Louis et Pépin, les royaumes d'Aquitaine et d'Italie, qui n'étaient, à vrai dire, que de grandes légations dont les titulaires étaient investis d'une autorité plus large que celle des envoyés royaux ordinaires. Par cette division en trois royaumes, Charlemagne espérait atteindre un double objectif : d'une part, donner satisfaction à l'orgueil national des Francs d'Austrasie, des Gallo-Romains et des Aquitains et d'autre part, surveiller plus étroitement et plus facilement les peuples tributaires et les nations voisines qui bordaient son empire.
Les comtés. - C'était la division administrative essentielle de l'Empire. En latin, on l'appelait le pagus comitatus. Les duchés avaient disparu et le duc - dux - n'était plus qu'un titre militaire. Charlemagne s'efforçait alors de choisir ses comtes parmi les grands propriétaires, leur donnant de plus larges attributions et les autorisant à délibérer lors des assemblées capitulaires. En outre, les comtes ne versaient au Trésor que les deux tiers des impôts et l'empereur se les attachait en leur concédant de généreux bénéfices.
Le long des frontières de son empire, Charlemagne avait établi des marches - marca ou limes, en latin - sortes de gouvernements militaires souvent plus étendus que les comtés, et administrés par des margraves, ou comtes de la marche, d'où le titre de marquis. Ces territoires, ordinairement de conquêtes récentes, étaient organisées de manière à exercer une surveillance plus étroite sur les populations voisines.
Au-delà des frontières, des peuples étaient rattachés à l'empire en tant que tributaires. En fait, ils étaient unis à lui par un lien plus ou moins étroit de dépendance. Ils conservaient toutefois un semblant d'autonome et conservaient des princes locaux.
Etat des personnes et condition des terres. - Le nombre des hommes libres sous l'empire de Charlemagne avait été en diminuant ; car dans la société féodale qui, dès ce moment, était en formation, les seuls hommes vraiment libres étaient les seigneurs. L'institution germanique des comitatus avait produit à l'époque mérovingienne la classe des antrustions. Sous les Carolingiens, un rôle semblable paraît avoir été tenu par les vassi - ou vassali - du roi (regales ou dominici).
L'usage s'était établi de s'unir par serment à un homme plus riche et plus considérable et de se mettre à son service (commendatio, recommandation). L'inférieur - le vassal - mettait ses mains dans celles de celui à qui il se recommandait. Le supérieur était le dominus - le maître - qu'on appellera, à partir du IXe siècle, le senior - le seigneur. Ce lien qui unissait deux hommes était toutefois soumis à certaines obligations : le seigneur devait protéger, nourrir, venger son vassal ; en échange, le vassal devait escorter son seigneur et le servir à la guerre.
Charlemagne donna à cette institution une grande importance et s'en servit dans l'intérêt de sa propre puissance. Il s'attacha ainsi à lui un grand nombre de princes qu'il avait soumis. Tous les membres de sa famille qui avaient reçu des royaumes étaient automatiquement ses obligés. Les officiers du palais, les ducs, les comtes, les évêques et les abbés juraient obéissance et fidélité à l'empereur.