Sekigehara
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Titre Original : Sekigahara
Pays : Japon
Date de sortie : 26 aout 2017
Réalisateur : Masato Harada
Acteurs : Jun'ichi Okada, Kôji Yakusho, Kasumi Arimura
Genres : Drame, Histoire, Guerre
Durée : 150 minutes
Synopsis
Le film retrace tous les évènements qui se sont déroulés avant et pendant la bataille de Sekigahara. qui s'est déroulée les 20 et 21 octobre 1600. Il s'agit d'un événement majeur de l'Histoire du Japon. Elle marque la fin de l'époque Sengoku et le début de l'époque d'Edo. Cette bataille ouvrit le chemin vers le shogunat pour Ieyasu Tokugawa. Bien qu'il ait fallu à Tokugawa trois ans de plus pour consolider sa position au pouvoir contre le clan Toyotomi et les daimyos, Sekigahara est généralement considérée comme le début non officiel du shogunat Tokugawa, le dernier à avoir contrôlé le Japon..
Informations supplémentaires
20ème jour du 10ème mois de l’année 1600, une pluie battante ne cesse de s’abattre sur la province de Mino situé au centre du Japon, plus précisément à Chûbu. Cette pluie battante, de par son bruit percutant la terre devenue boueuse surplombe un silence interminable. La brume donne l’impression de ne voir que des ombres. Une armée marche et s’approche d’une autre. Une bataille inévitable confronte Ieyasu Tokugawa et l’armée de l’Est à Mitsunari Ishida, loyal aux fils ainsi qu’héritier de Hideyoshi Toyotomi et l’armée de l’Ouest. Sans le savoir, le destin du premier cité basculera lors de l’épilogue, et changera assurément l’histoire du Japon, celle-ci étant surnommé la bataille fatidique « 天下分け目の戦い,Tenka Wakeme no Tatakai » qui marquera la fin de l’ère Sengoku et le début de l’ère Edo.
Qui en est à l’origine ? Comment a-t-elle pu aboutir ? Et enfin pourquoi est-elle considérée comme la bataille pour la suprématie ? Confrontant face à face plus de 180 000 guerriers. Pour répondre à toutes ces questions, il faut analyser ce qui précède l’année 1600.
L’Empereur était celui qui contrôlait tout le Japon, tant spirituellement qu’économiquement ou encore militairement. Il avait un contrôle et une souveraineté incontestable auprès du peuple japonais dans la logique de sa descendance divine. Jusqu’au XIIe siècle où la création du statut de Shogun imposa au pays un souverain et un contrôle sur les samurais et la caste guerrière. Ce statut se perpétua pendant plusieurs siècles en voyant se succéder plusieurs dynasties. Mais son déclin ne présagea rien de bon, et une nouvelle ère commença, l’ère Sengoku, plus communément appelée l’ère des seigneurs de guerre. A la fin du XVIe siècle, les seigneurs de guerre régnant sur les plus puissants clans de l’Empire augmentèrent considérablement leur influence et leur pouvoir et se mirent à désirer le titre de Shogun de la part de l’Empereur. Seulement, des dizaines et des dizaines de clans recherchèrent ce titre suprême et furent prêts à faire parler les armes pour l’obtenir. D’autres, moins désireux de se battre, cherchaient simplement à survivre dans un contexte de guerre permanente, sous fond de prises de territoires quasi-quotidiennes. Le pays était ravagé par la guerre.
De cette guerre pour le titre suprême apparurent trois hommes qui tentèrent ce qu’aucun autre n’entreprit : L’unification du pays tout entier par la force des armes. Ce sont les personnages les plus connus dans l’histoire japonaise, que l’on appelle « Les trois unificateurs du Japon » : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu. Le premier unifia l’est du pays grâce à plusieurs batailles triomphales, dont notamment la plus belle à Nagashino en 1575, alors qu’il n’était seigneur que du moins réputé clan Oda. Il prit le pouvoir tout en laissant le titre de Shogun à Ashikaga Yoshiaki mais finit par être tué par l’un de ses nouveaux vassaux en 1582. Son successeur ne fut autre que Toyotomo Hideyoshi, celui-là même qui a été choisi par Nobunaga pour ses talents de stratégie, décelant en lui une intelligence tactique élevée, à la place de son propre fils héritier. Il entreprit la mission de celui qui l’a choisi en partant vers l’ouest, afin de conquérir les derniers territoires manquants. Sa puissance n’eut d’égale que son ambition, il vainquit les seigneurs de guerre les uns après les autres jusqu’à obtenir tous les vastes fiefs de l’ouest. Il soumit l’Empire à sa puissance et se fit rapidement appelé le Taiko. Entre quelques cérémonies de thé, à Kyôto, celui-ci prit comme décision de s’attaquer à la Corée.
C’est en 1592 que Toyotomi Hideyoshi décida de s’attaquer à la Corée en envoyant les plus valeureux guerriers du Japon. Martialement supérieur face à des coréens rapidement dépassés, la tournure de la bataille changea lors de l’appel de la famille royale coréenne à la Chine, leur puissant protecteur. Le nombre de nouveaux adversaires en face fit battre en retraite l’armée japonaise, pour finalement aboutir à un armistice. Armistice que le Japon oubliera rapidement en tentant une seconde offensive 5 ans plus tard, couronnée une nouvelle fois par un échec retentissant, provoquant la folie de celui qu’il l’a organisé et causant sa mort l’année d’après.Bien que ses vassaux promirent de régler les affaires, jusqu’à ce que son fils, alors âgé de 6 ans, puisse reprendre le flambeau du clan, le désir de puissance de leur part s’interposa. La place était libre. Et le chaos allait bientôt recommencer. C’était le moment pour Tokugawa Ieyasu de surgir, après avoir attendu patiemment ces longues années, en servant tour à tour Nobunaga puis Hideyoshi. Poussant presque inéluctablement une alliance de la part des vassaux en la mémoire du Taiko, soucieux de l’ambition grandissante de Ieyasu.
Le pays fut donc divisé entre l’armée de l’Ouest, que les clans Mori, Otani, Kobayakawa, Uesugi, Chosokabe et Ukita rejoignirent, et l’armée de l’est, où Ieyasu mobilisa ses troupes. Ce n’était pas seulement un affrontement entre deux armées mais aussi entre deux systèmes. Alors que celui de l’ouest concernait l’honneur et la loyauté envers l’autorité du clan, celui de l’est pronait la discipline et la pratique guidé par un pouvoir absolu. La tactique des forces occidentales était simple mais efficace, chasser Ieyasu de sa forteresse réputée d’Osaka, avant que celui-ci puisse frapper en retour, sous peine d’un échec, grâce à l’armée alliée de Uesugi Kagekatsu (héritier de Kenshin). Pendant que Mori prendrait le contrôle de la forteresse et qu’Ishida poursuivrait l’ennemi à vaincre avec l’immense armée alliée.
Leur tactique marcha parfaitement durant l’été et Ieyasu savait qu’il devait concentrer ses forces ennemies pour ne pas finir dispersé. Cela serait le comble. Il devait tenir ses territoires les plus forts en laissant des petits escadrons, dont certains qui tiendront héroïquement face à des adversaires largement supérieurs en nombre. Notamment à la citadelle de Fushimi. Pour espérer remporter la victoire il savait qu’il devait jouer avec le feu en tentant une percée compacte vers Osaka,qu’il avait quittée précédemment. Une volte-face qui pourrait peut-être surprendre l’adversaire. Les prendre de vitesse serait l’idéal et le commandant en chef de l’Ouest lui en donna l’opportunité. Croyant fermement à sa supériorité numérique comme un frein pour Ieyasu de lancer une attaque, il n’attendit pas les renforts des clans Chosokabe et Mori. Son armée fit halte dans un petit village au centre du pays dans le but de se fortifier en attendant les renforts qu’il n’avait pas attendus. A ce moment-là, il ne se doutait pas qu’allait avoir lieu le lendemain la plus grande bataille de samurais de tous les temps.
Yoshihiru qui n’était autre que le Daimyô du Han Shimazu demanda de lancer un assaut en pleine nuit qui ne laissera pas à l’ennemi le temps de se préparer défensivement. Cette proposition fut refusée et une tactique de défense fut préférée pour cette bataille. Les territoires étant déjà conquis, c’était à Ieyasu de venir les chercher. De plus, les hauteurs étaient à leur avantage. Le but était de les encercler grâce aux forces latérales, une fois que l’adversaire aura avancé dans la vallée.
Le jour se leva, les premiers rayons de soleil apportèrent une brume réduisant considérablement la vision des deux armées. Même leurs positions étaient impossibles à distinguer. Peu de temps après, le combat s’engagea et la brume qui s’estompa installa le décor. Ieyasu, prudent, conserva un bloc de 30 000 hommes en soutien tactique pour ne pas se projeter entièrement dans la bataille. Mais du coin de l’œil, il observa au sud de sa position les fameuses collines où se trouvait derrière Kobayakawa Hideaki et son armée, immobile. Immobile, car inquiet de son allégation jurée à Ieyasu et inquièt sur le déroulement de la bataille, dans lequel Ieyasu ne parvenait pas à prendre l'avantage. Avait-t-il choisi le bon camp ? Sinon, mourrai-t-il ? Son âge précoce et son manque d’expérience lui fit défaut.
Le commandant en chef de l’armée de l’Ouest souhaita un assaut général sur toute la ligne de front après avoir été informé par Ukita Hideie de la préparation, qui sera probablement victorieuse, d’une formation de contre-attaque. Tous les alliés furent prévenus mais Shimazu ne respecta pas cet ordre et campa sur ses positions au nord. Sa proposition rejetée la veille ayant mis un coup à son orgueil. Une situation parmi d’autres qui allait les faire perdre. Au sud aussi, le jeune Kobayakawa ne répondit pas aux ordres, hésitant toujours sur ce qu’il devait faire ou non. Les Mori ne répondaient pas non plus, n'ayant pas été écoutés. Ieyasu n’était pas dupe et semblait avoir compris cet état de fait. Il ordonna à son soutien de 30 000 hommes de se projeter dans la bataille et également à une unité d’archers d’ouvrir le feu sur Kobayakawa pour l’obliger à tenir sa promesse. Que celui-ci respecta finalement ! Il trahit l’ouest ! Renversant le sort de cette bataille ! Que se soit au sud, au nord, à l’est et à l’ouest, les troupes de Ieyasu prirent l’avantage. Quelques heures après, des milliers de corps jonchaient le sol, nombreux n’avaient plus leur tête accrochée à leur cou. Les pertes furent énormes des deux côtés, mais la victoire finale fut pour… Tokugawa Ieyasu !
Cette bataille désigna officieusement Tokugawa Ieyasu comme le shogun mais c’esttrois ans plus tard qu’on lui accordera ce titre officiellement. Durant deux siècles et demi, et jusqu’à la restauration Meiji, il contrôla le pays. Sa dynastie fut la dernière, la plus puissante et la plus célèbre de l’histoire.