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  • Par Admin
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Titre Original : Gukgabudo-ui Nal
Pays : Corée du Sud
Date de sortie : 28 novembre 2018
Réalisateur : Kook-Hee Choi
Acteurs : Hye-su Kim, Ah-in Yoo, Jun-ho Heo
Genres : Drame
Durée : 114 minutes

Synopsis

Il reste une semaine avant que la Corée Du Sud se déclare en banqueroute. Han Shi-Hyun est la responsable de l'équipe de la politique monétaire, à la Banque de Corée. Ayant été la première à prédire cette catastrophe, elle intègre l'équipe de crise. Yoon Jung-Hak travaille dans le monde de la finance et parie sur les conséquences de la banqueroute. Gab-Soo n'arrive pas à protéger son travail et sa famille, durant la crise... Trois destins très différents mais liés du fait de cette crise et de ses conséquences...

Informations supplémentaires

Aveuglement des investisseurs, opacité des circuits de financement, complaisance des agences de notation, libéralisation financière menée à la va-vite, la crise qui a frappé la plupart des pays d'Asie du Sud-Est en 1997 mettait davantage en cause l'instabilité propre à la finance que le modèle de développement de ces pays.

Le 2 juillet 1997, les autorités thaïlandaises décidaient de laisser flotter leur monnaie, le baht. Celui-ci n’allait pas tarder à plonger et à entraîner dans sa chute les monnaies de la quasi-totalité des dragons et des tigres asiatiques. Entre le début juillet et la mi-octobre 1997, la dépréciation des taux de change de la zone atteignait 30 % à 50 %, celle des cours des actions entre 20 % et 30 %. Une réaction en chaîne à la mesure du comportement moutonnier des investisseurs internationaux. L’admiration sans limite du modèle asiatique s’est alors vite muée en condamnation sans appel. Les difficultés qui en ont résulté ont provoqué une récession brutale, une montée du chômage et une chute souvent forte du niveau de vie.

La faute à qui ?

A l’époque, une des raisons invoquées pour expliquer la crise a été le manque de transparence qui prévalait dans les économies asiatiques. Une des vertus prêtées jusque-là au modèle asiatique était l’étroitesse des relations interpersonnelles entre décideurs publics et privés, entre financiers et industriels. Avec la crise, la vertu est devenue défaut : l’opacité des circuits de décision aurait été à l’origine de surinvestissements, et les économistes libéraux de rappeler que des marchés parfaitement transparents, sur lesquels circule une information fiable et complète, sont la condition d’une allocation harmonieuse des capitaux.

L’opacité reprochée aux pays d’Asie du Sud-Est avait bon dos : elle a surtout permis, a posteriori, de justifier le comportement spéculatif des investisseurs occidentaux qui leur ont prêté au-delà du raisonnable jusqu’à la mi-1997. Elle a fourni aussi des circonstances atténuantes aux agences de notation - déjà elles - qui n’ont pas vu venir la crise, alors qu’elles étaient payées fort cher pour évaluer le risque d’un pays émetteur. Dans le cas de la Corée, ce n’est qu’après le déclenchement de la crise que ces agences ont baissé leurs notes... pour le porter à un niveau aussi faible que celui de la République dominicaine ! Il fallait pourtant être aveugle pour ne pas voir qu’une bulle spéculative se développait sur certains marchés boursiers asiatiques, et notamment en Thaïlande. "Même privés d’une partie des données, les indicateurs de base de risque-pays donnaient une photographie exacte de la situation effective des économies", soulignait à l’époque une étude de la Caisse des dépôts et consignations.



Des recommandations orthodoxes inadaptées

Face à un retrait massif des capitaux, plusieurs pays, comme l’Indonésie, la Corée du Sud et la Thaïlande, ont été contraints de faire appel au Fonds monétaire international (FMI). Celui-ci leur recommanda, dans un premier temps (avant de se montrer plus conciliant), les potions amères qu’il impose toujours lorsqu’il intervient, à base de rigueur budgétaire (pour freiner la demande intérieure et réduire le déficit commercial) et de hausses des taux (pour défendre la monnaie).

Le hic, c’est que cette thérapie n’était pas adaptée au malade. Dans la plupart des pays, les finances publiques étaient saines. En Corée, "le taux de croissance moyen dépassait 8 % entre 1994 et 1996, le taux d’inflation était en baisse, de 6 % à moins de 5 %, le déficit courant, très modeste jusqu’en 1995, avait connu une augmentation fort peu alarmante, à moins de 5 % du produit intérieur brut (PIB) en 1996, ramené à 2 % dès 1997, observe Michel Aglietta, économiste au Cepii, dans un article consacré à la crise asiatique. On était loin d’une détérioration de la situation économique !" Monter les taux et serrer la dépense publique auraient affaibli davantage l’activité, alors qu’elle basculait en récession. Et aurait ruiné les banques, déjà mises à mal.

Car la crise asiatique était d’abord une crise de la finance privée : elle ne remet pas fondamentalement en cause le mode de développement des économies asiatiques. Les banques locales avaient massivement emprunté à court terme et en dollars : quand les monnaies asiatiques se sont effondrées et que les capitaux étrangers se sont évanouis, elles ont été étranglées par leurs dettes et ont subi une grave crise de liquidités. Du coup, elles ont été dans l’incapacité de financer l’activité économique, d’où l’entrée en récession.


Libéralisation précipitée

Comment en était-on arrivé là ? En partie du fait de l’introduction d’une dose de libéralisme au tournant des années 1980 et 1990. Les systèmes financiers asiatiques, jusque-là étroitement contrôlés par les États, se laissèrent alors subjuguer par les sirènes de la déréglementation. "L’ambition des dirigeants politiques de ces pays - accélérer encore la croissance en important des capitaux étrangers - a rencontré le souci américain de trouver des sources de profit à une finance secouée par la crise immobilière et la récession", expliquait alors Michel Aglietta.

Cette libéralisation financière fut menée à la va-vite, sans que soit mise en place une réglementation prudentielle, apte à prévenir les risques de système. Elle a provoqué un afflux trop massif de capitaux étrangers, que les banques locales ont placé, par exemple, dans des activités spéculatives (comme l’immobilier) ou peu rentables économiquement. En Corée, le secteur bancaire et indirectement les chaebols (les grands conglomérats industriels qui dominent l’économie du pays) croulaient sous les dettes externes à courte échéance. Ce sont ces châteaux de cartes qui se sont effondrés quand les capitaux étrangers ont pris peur.

Dans certains pays, la crise et ses conséquences ont été aggravées par les tensions politiques. En Indonésie, le marasme qui a suivi tient largement à la situation politique très tendue du pays, qui se traduira à terme par l’effondrement du régime. Rien à voir avec la situation bien plus robuste de Taiwan, où la croissance reposait, entre autres facteurs, sur des taux d’épargne et d’investissement productif élevés et équilibrés, et où la spécialisation industrielle (notamment dans le matériel informatique et les semi-conducteurs) avait été bien menée.

Le retour de la croissance

La crise asiatique n’a pas sonné la fin du modèle de développement asiatique. D’abord parce que le terme recouvre des réalités bien distinctes : la Corée, pays industriel désormais membre de l’OCDE, différait et diffère encore du tout au tout de l’Indonésie, qui conserve aujourd’hui de nombreux traits caractéristiques du sous-développement. Ensuite, les vertus prêtées au libéralisme par les dirigeants des institutions économiques internationales ont traduit à l’époque la volonté des banques et des entreprises industrielles occidentales de profiter de la crise asiatique pour s’implanter dans des pays au nationalisme économique souvent ombrageux.

En fait, la caractéristique majeure du modèle asiatique - l’existence d’États développeurs soucieux d’accroître la puissance économique de leur nation - n’a pas été remise en cause par la crise. La Malaisie n’a pas craint d’établir dans les années qui ont suivi un strict contrôle des mouvements de capitaux. Sans se plier à tout ce qui leur avait été conseillé, sans remettre d’un coup en question le rôle de l’Etat, la plupart des pays de la région ont renoué avec la croissance dès 1999. Cette reprise a été permise par plusieurs facteurs conjoncturels (la très forte croissance américaine, la compétitivité accrue des exportations du fait des dévaluations...), par les atouts structurels accumulés au cours des décennies passées (la qualification de la main-d’œuvre, l’abondance de l’épargne, les infrastructures modernes) et aussi par des politiques monétaire et budgétaire alors accommodantes.

Un tournant de la globalisation financière

Au-delà des conséquences de la crise financière, les mutations que les pays d’Asie du Sud-Est ont eues à gérer depuis 1997 sont moins liées à l’épuisement d’un modèle qu’aux évolutions rendues nécessaires par le niveau de développement atteint. Après un rattrapage accéléré, largement fondé sur une insertion agressive dans le commerce international et la valorisation d’une main-d’œuvre relativement qualifiée, mais mal rémunérée, il leur fallait construire des économies plus diversifiées et des sociétés salariales modernes. Le processus a continué à progresser en Corée ou à Taiwan, mieux que dans les autres pays de la région.

Au niveau de l’économie mondiale, la crise asiatique a entraîné "un changement radical dans les interdépendances qui structurent l’économie mondiale", selon Michel Aglietta et Laurent Berrebi. Jusqu’alors, les pays émergents d’Asie étaient globalement en situation de déficit courant à l’égard des pays de l’OCDE et recevaient en contrepartie des flux de capitaux en provenance de ceux-ci. La situation s’est à ce moment inversée. Du fait de l’austérité qui leur a été imposée, mais aussi de leur volonté d’assurer leur souveraineté économique, ils ont désormais cherché à dégager des excédents, quitte à "vivre en dessous de leurs moyens". Cette stratégie, pratiquée à grande échelle par la Chine, a exacerbé l’hyper-concurrence engendrée par la mondialisation, contribuant au creusement des inégalités dans les pays riches. La conjonction de tous ces facteurs a porté la crise actuelle, l’endettement massif des moins aisés devenant le seul substitut à la stagnation de leurs revenus. Un endettement parallèlement facilité par une offre de crédit recyclant pour partie les excédents asiatiques.


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