
La levure de bière pour les poules
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A quoi sert la Levure de Bière ? Est-ce efficace ? Comment l’utiliser ? Toutes les marques se valent-elles ? On va évidemment répondre à toutes ces questions dans cet article mais avant tout, on va commencer par la fin ;-)
Si vous voulez utiliser une levure de bière, que vous êtes perdu(e) et que vous ne savez pas laquelle utiliser : allez en pharmacie et prenez celle-ci : Biocodex Boulardii 50mg à 200mg (entre 4.80€ et 8€) ou celle-ci Biogaran Boulardii 100 à 200mg (entre 3.71€ et 8.50€)
A présent on va voir pourquoi, et comment ;-)
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• Introduction aux levures de bières.
- 1- Les différentes levures
- 2- S.Boulardii et S.Cerevisiae
- 3- L'action interne des levures
- 4- Dosages pour poules
- 5- Qualités nutritionnelles
- 6- Levure de boulangerie
- 7- Vérifier soi-même si la levure est active.
• Conclusion et sources.
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La levure de bière est composée d’organismes microscopiques -des champignons- connus depuis l’antiquité pour permettre la fermentation, pour servir de levure, dans le moût de cidre, de bière ou de vin.
Ces champignons font partie de la famille des “Saccharomyces” qui comprend un très grand nombre de variétés. Dans le cas présent, les deux seules qui vont nous intéresser seront la S. Cerevisiae et la S. Boulardii. Remarquez au passage que personne n’aime lire ou écrire "Saccharomyces"… alors vous trouverez généralement "S." ;-)
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1- Les différentes levures :
Vous trouverez dans le commerce des centaines de levures de bières, sans compter les levures de boulangerie et certainement bien d’autres produits "commerciaux" ou macrobiotiques qui vendent tous en quelque sorte la même chose : "de la levure"
Pour se distinguer les unes des autres, les marques vont toutes essayer d’inventer quelque chose qui les distingue : un supplément de vitamines, de sélénium, de tout ce qu’on voudra mais au final ça restera "de la levure".
Ces levures de bières ne sont pas pour autant identiques. Les SEULES qui nous intéressent sont celles qui sont ACTIVES. Par “active”, on entend que ces levures sont vivantes, capables de se reproduire et d’avoir un réel effet sur la flore intestinale.
Pour se conserver, la plupart de ces produits sont stérilisés. Si on les chauffe à plus de 40°, on tue ces micro-organismes et on obtient une levure inactive, et si on la chauffe à moins de 40°, ces levures restent vivantes et peuvent avoir une action probiotique : elles sont “actives”.
La plupart des produits du commerce sont inactifs. Comme ça n’est pas très vendeur… on se gardera bien de vous vendre un joli flacon avec marqué dessus : “inactif”, donc rien ne sera indiqué.
Une levure peut aussi être morte, et donc devenir inactive quand elle a fini par se périmer ou se dessécher avec le temps.
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La variété de levure qui nous intéresse est la Saccharomyces Cerevisiae.
Son alter-ego, la levure S. Boulardii est en fait techniquement de la S. Cerevisiae modifiée, son nom scientifique est d'ailleurs S.Cerevisiae-Boulardii CNCM I-745.
Là encore, quand vous achetez un produit, la variété n’est pas forcément indiquée. Quand rien n’est spécifié, c’est en général de la S. Cerevisiae, la plus courante. La levure grand public ou la levure de boulangerie sont des Saccharomyces Cerevisiae.
La levure S. Boulardii est un produit plus spécifique, “plus pointu” qu’il vaut mieux acheter en pharmacie (env. 6€), soit 3 à 5 fois moins cher que sur Internet (entre 15€ et 25€). Vous pourrez, en plus, vérifier auprès du pharmacien ou sur la notice que la substance est bien active. Ça vous évitera de dépenser votre argent inutilement.
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2- Quelle est la différence entre la S. Boulardii et la S. Cerevisiae ?
La différence entre ces deux souches tient seulement à quelques détails. Il est d'ailleurs parfois difficile de s’y retrouver en raison des divergences, des confusions et des contradictions entretenues dans la multitude d’articles commerciaux ou publicitaires qui parlent de ces levures.
On va donc aller chercher directement l’information à sa source, dans les publications scientifiques :
➊ Ces deux variétés se ressemblent :
➨Les deux sont considérées comme sûres pour la consommation.
➨Les deux sont anti-inflammatoires, et stimulent le système immunitaire
➨Les deux sont scientifiquement reconnues comme des micro-organismes pouvant interagir positivement avec l’organisme humain ou animal.
➋ Les différences notables de la variante S.Boulardii sont les suivantes :
Afin d’exercer leurs effets, les probiotiques doivent parvenir vivants sur leur lieu d’action (l’intestin) et y survivre assez longtemps. S. boulardii est particulièrement adaptée dans la mesure où elle se développe de manière optimale à la température du corps et dans un milieu présentant une faible acidité, comme celui de l’intestin de la poule.
➌ L’activité de S. Boulardii dans l’organisme est temporaire.La levure disparaîtra progressivement d'elle-même pendant que le microbiote d'origine reprendra sa place.
➍ S.Boulardii peut interagir à différents niveaux dans l’intestin :
➜ En adhérant aux micro-organismes pathogènes et en limitant leur déplacement.
➜ En limitant la prolifération de micro-organismes indésirables.
➜ En modulant le système immunitaire, responsable de la lutte contre les pathogènes.
➜ En renforçant l’intégrité de la muqueuse intestinale.
Enfin, il semble que la levure S. Boulardii ait des effets actifs possibles sur certaines infections bactériennes touchant en particulier les muqueuses et le système reproducteur, notamment les candidoses, auxquels les poules sont très vulnérables.
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On va donc observer comment agit précisément cette levure de bière dans l’organisme pour voir ce qui la rend si intéressante, en particulier lors d’utilisation d’antibiotiques.
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3- L'action interne des levures :
Un antibiotique ou une huile essentielle antibiotique agissent de manière systémique sur des bactéries ou des familles de bactéries pour détruire les micro-organismes pathogènes responsables de maladies et d’infections : les bactéries "nocives".
Dans le même temps, ils détruisent également d’autres micro-organismes présents dans le corps : les “bonnes” bactéries, ou les "bonnes" levures : celles qui permettent la digestion ou la défense et qui participent donc au bon fonctionnement de l’organisme.
Or, cette levure de bière résiste aux antibiotiques (5) et aux huiles essentielles antibiotiques (7). C'est la seule levure possédant cette propriété.
Elle résiste et continue d’agir pendant que l’antibiotique fait “un grand nettoyage” dans les bactéries présentes dans le corps pour éradiquer l’infection. La levure de bière va, en quelque sorte, remplacer les “bonnes bactéries”.
Maladie, diarrhées, vermifuges, huiles essentielles et antibiotiques peuvent provoquer chez la poule un phénomène de dysbiose : l’équilibre, le nombre et la diversité des bactéries et des levures présentes dans l’organisme va être perturbé. (5)
Ces micro-organismes protecteurs ne peuvent plus exercer de fonction barrière contre les bactéries potentiellement pathogènes. Autrement dit, les "bonnes" bactéries ne peuvent plus contrôler les "mauvaises" bactéries qui peuvent alors se développer librement et provoquer d’autres maladies infectieuses.
Quand vous ajoutez S. Boulardii dans l’organisme de l’animal, la levure va se développer et prendre le relais des bactéries détruites par ces médicaments pour assurer le même rôle d’équilibre et de protection provisoire. Provisoire… car comme mentionné un peu plus tôt, S. Boulardii ne va pas coloniser l'intestin comme le ferait S. Cerevisiae.
Cette petite différence permet à l’organisme d’être protégé, et évite qu'il se retrouve par la suite déséquilibré par une prolifération de levures. Quand l’équilibre du microbiote sera retrouvé, après 1 ou 2 mois, la protection assurée par S. Boulardii va disparaître et le microbiote naturel va de nouveau assurer tout seul son rôle de barrière.
La seconde différence, de résistance et de développement dans le milieu intestinal, permet à S. Boulardii de durer, de ne pas être détruite par le milieu ambiant et d’assurer son rôle sans risquer de disparaître pendant qu’il assure l’intérim de la protection de l’organisme.
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4- Dosages pour poules :
Les gélules de levure de bière pharmaceutique indiquent toujours la teneur en levure, de 50mg à 250mg : à choisir selon le nombre de poules à traiter.
Elles peuvent facilement s'ouvrir en deux et contiennent des granulés de levure très fins, si on souhaite les doser.
Comptez 10mg / jour et par poule, soit 1 gélule de 50mg pour 5 poules, 1 gélule de 100mg pour 10 poules, etc. pouvant être donnée individuellement ou collectivement, mélangée dans une pâtée à ingérer immédiatement, et donc, pas dans de l’eau de boisson.
Essayez d'administrer un dosage modéré. La levure étant active, elle s’implantera dans l’intestin et le colonisera d'elle-même, il est tout à fait inutile de surdoser ou d'en donner "en permanence".
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5- Les qualités nutritionnelles des levures de bières :
Ces deux types de levures (S. Cerevisiae) et (S. Boulardii) contiennent toutes deux : sels minéraux, oligo-éléments (zinc, fer, sélénium, chrome, phosphore, calcium, sodium, magnésium, cuivre, fluor, manganèse, iode, silicium), des vitamines et des protéines.
En l'utilisant, même en dehors d’un traitement antibiotique, les aliments ingérés par vos poules seront mieux digérés et plus efficaces (1), le système immunitaire sera renforcé : vos poules résisteront mieux aux maladies(4). Elles assimileront par la même occasion une grande diversité d'oligo-éléments et de sels minéraux.
Enfin, la levure de bière stimule la production de molécules anti-inflammatoires, qui comme son nom l'indique, provoquent des "inflammations" : irritations gastriques et douleurs. Elle limite également les diarrhées qui sont des conséquences fréquentes de traitements anti-bactériens ou anti-parasitaires.
L’utilisation de levures de bière actives doit être SYSTÉMATIQUE pendant et après tout traitement antibiotique ou vermifuge, et peut être utilisée à la reprise de la ponte (en avril), en période de mue (d'octobre à décembre) pour aider la repousse des plumes, ou toute l'année pour maintenir votre poule en forme olympique.
La levure se conserve environ 2 ans, en veillant à ne pas dépasser la date de péremption, et en la gardant au réfrigérateur pendant l’été pour lui éviter de dépasser 25°.
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6- Levures de bières et levures de boulangerie
La levure de boulangerie(*), de bière ou de cidre sont de la même famille : la souche de la levure sera toujours une variété de S. Cerevisiae.
La levure fraîche de boulangerie, ou même la levure déshydratée pour faire le pain, sont des levures actives puisqu'elles doivent faire lever la pâte à pain. Par contre, il ne s'agit pas de souches de S.cerevisiae "idéales" et elles sont mélangées à d'autres levures ou à d'autres bactéries. Si vous n'avez pas le choix, ça peut quand même fonctionner plus ou moins.
Le “levain” du pain (à l’ancienne) est composé de bactéries et de levures diverses, mais pas particulièrement de S. Cerevisiae, il ne fonctionnera donc probablement pas.
Le meilleur choix reste donc d’acheter le produit sous sa forme la plus aboutie, dosée et prévue à des fins thérapeutiques vendue en pharmacie.
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7. Vérifier soi-même si la levure est active.
Il existe un moyen très simple de vérifier si votre levure est active : prenez quelques gouttes d’eau minérale ou de l’eau du robinet qui a reposé 24h pour se débarrasser du chlore. Mélangez-là avec une pincée de votre levure de bière et une pincée de sucre : la levure va faire des bulles, elle réagit, elle est donc vivante : active.
Si elle ne fait aucune bulle : soit elle était inactive, soit elle est périmée : elle est morte, n’agira plus et ne se reproduira plus.
Voici un test réalisé avec 3 levures :
➨ 1. Levure de boulangerie(donc, pour le pain) déshydratée en sachet. Souche S.cerevisiae,
➨ 2. Levure de bière S. Boulardii active, non périmée.
➨ 3. Levure de bière Gaylord Hauser grand public. Souche S.cerevisiae.
La même quantité des 3 levures a été mélangée avec 10ml d’eau non chlorée et une pincée de sucre, puis débarrassée des bulles en surface résultant de la miction. Elle a ensuite été mise au repos pendant 15mn. Résultat : la levure S. Boulardii et la levure de boulangerie sont bien actives : on voit clairement apparaître des bulles témoignant d’une activité. La levure Gaylord Hauser industrielle est bien inactive… même au bout d’une heure, il ne se passe rien.
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CONCLUSION
Voilà. Vous savez tout, ou presque, sur les levures de bières pour les poules. ;-)
Si vous n’en avez pas déjà dans votre trousse de soins, ce sera sans doute l’un des produits les plus utiles que vous pourrez trouver. Il sera donc indispensable : vous en aurez forcément besoin un jour ou l’autre soit préventivement, pour les garder en parfaite santé, soit lors de l'utilisation d’un vermifuge ou d’un produit aux effets antibiotiques.
Et si vous avez encore un peu de temps à consacrer au bien-être de vos poulettes, voici le lien vers le menu des autres articles ;-)
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Auteur : JT
Sources :
(1) Efficacy and safety of the probiotic Saccharomyces Boulardii for the prevention and therapy of gastrointestinal disorders. (Kelesidis & al. 2012)
(2) Effects of Saccharomyces Cerevisiae or boulardii yeasts on acute stress induced intestinal dysmotility (West, Stanisz & al. 2016)
(3) Transcriptome-wide differences between Saccharomyces Cerevisiae and Saccharomyces Boulardii: Clues on host survival and probiotic activity based on promoter sequence variability (Pais & al. 2021)
(4) La microflore gastro-intestinale est un régulateur majeur du système immunitaire, non seulement dans l'intestin, mais aussi dans d'autres organes (Gareau et al. 2010.) pdf.
(5) L'utilisation de probiotiques (notamment Saccharomyces Boulardii CNCM I-745) atténue les effets cliniques de la dysbiose associée aux antibiotiques (waitzberg & al. 2024)
(6) Complete genome sequence and comparative genomics of the probiotic yeast Saccharomyces Boulardii (Khatri et al. 2017)
(7) In Vitro Antimicrobial Activity of Essential Oils against Salmonella enterica Serotypes Enteritidis and Typhimurium Strains Isolated from Poultry (Ebani & al. 2019)
2020 Use of Essential Oils in Veterinary Medicine to Combat Bacterial and Fungal Infections - (Virginia Ebani & al. 2020)
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Références :
Dysbiosis of the gut microbiome: a concept analysis.(Perez & al. 2020)
Antibiotic-associated dysbiosis affects the ability of the gut microbiota to control intestinal inflammation upon fecal microbiota transplantation in experimental colitis models. (Strati & al 2021)
Antibiotic resistance in microbes: history, mechanisms, therapeutic strategies and future prospects.(Udin & al. 2021)
Action and resistance mechanisms of antibiotics: a guide for clinicians.(Kapoor & al. 2017)
Systematic review with meta-analysis: Saccharomyces Boulardii in the prevention of antibiotic-associated diarrhoea.(Szajewska & al 2015)
Saccharomyces boulardii CNCM I-745: a non-bacterial microorganism used as probiotic agent in supporting treatment of selected diseases.(Kazmierczak & al. 2020)
Saccharomyces Boulardii CNCM I-745 supports regeneration of the intestinal microbiota after diarrheic dysbiosis—a review. (More & al. 2015)
Therapeutic potential of Saccharomyces Boulardii in liver diseases: from passive bystander to protective performer? (Cui, Lin, Wang & al. 2022)
Saccharomyces Boulardii CNCM I-745 improves intestinal enzyme function: a trophic effects review. (More, Vandenplas & al. 2018)
Influence of Saccharomyces Boulardii CNCM I-745 on the gut-associated immune system.(Stier & al. 2016)
Efficacy and safety of the probiotic Saccharomyces Boulardii for the prevention and therapy of gastrointestinal disorders.(Kelesidis & al. 2012)
Saccharomyces Boulardii CNCM I-745 supplementation during and after antibiotic treatment positively influences the bacterial gut microbiota.(Spatz & al. 2023)