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The Sleep Curse

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Titre Original : Shi mian
Pays : Hong Kong
Date de sortie : 26 mai 2017
Réalisateur : Herman Yau
Acteurs : Anthony Chau-Sang Wong, Michelle Wai, Jojo Goh |
Genres : Thriller, Horreur
Durée : 102 minutes

Synopsis

Le neurologue Lam Sik-ka se lance dans des expérimentations sur les rats pour tenter de les faire vivre, malgré une privation de sommeil. Mais ses supérieurs décident de lui couper ses budgets de recherche. C'est alors que survient Monique, une ancienne relation, qui le contacte pour qu'il aide son frère aîné, atteint d'un trouble de sommeil et qui vire, peu à peu, à la folie.

Informations supplémentaires

Introduction

La privation du sommeil est un des moyens utilisés pour torturer les prisonniers. Elle fut utilisée par les Romains et l’inquisition tout aussi efficacement qu'à l'époque contemporaine. Elle est toujours d'actualité dans de très nombreux pays, non seulement dans les pays dits "dictatoriaux" mais aussi dans les pays dits "démocratiques" (par exemple au cours de la simple garde à vue). La privation de sommeil est souvent associée à des privations sensorielles (lumière, son) et temporelles, ou à des médicaments psychotropes ("amphétamines-like", tranquillisants) qui en potentialisent les effets. La connaissance scientifique des effets physiologiques de la privation de sommeil est relativement récente. La première étude date de 1896 mais la plupart ont moins de 30 ans et sont contemporaines des progrès réalisés en neurophysiologie.

Rappel de la physiologie du sommeil

L'alternance repos-activité est une caractéristique du monde vivant. Cependant, le sommeil, forme la plus évoluée du repos, n'émerge qu'avec les homéothermes (oiseaux et mammifères). A quelques rares exceptions près, le sommeil se déroule toujours selon le même schéma quel que soit le mammifère observé. L'envie de dormir se manifeste par différents signes: bâillement, frottement des paupières, baisse de l'attention, flou de la pensée. L'individu prend alors une posture de sommeil qui varie selon la température ambiante (en boule au froid, allongée au chaud).

L'endormissement el le sommeil calme se caractérisent par la fermeture des paupières, une respiration régulière et ample et par l'absence de mouvements corporels. L'électro-encéphalogramme (EEG) montre un ralentissement progressif de l'activité cérébrale. Au cours du sommeil calme profond, les ondes lentes (0,5 à 5 Hz) prédominent. D'où le nom de "sommeil à ondes lentes" ou "sommeil lent" donné à cette phase du sommeil. La fréquence cardiaque, la température centrale et le tonus musculaire diminuent progressivement. C'est au cours du sommeil profond que l'hormone de croissance et la prolactine ont leurs pics de sécrétion journalière. Cette première partie du sommeil dure environ 80 à 90 minutes. Le sommeil paradoxal succède au sommeil lent. Cet état est très particulier; il associe : une activité cérébrale voisine de celle de l'éveil, une atonie complète des muscles squelettiques, des mouvements rapides des globes oculaires, une irrégularité cardio-respiratoire et une vasodilatation des organes génitaux.  L'homme, réveillé au cours de cet état, peut raconter un souvenir de rêve très précis. La durée moyenne du sommeil paradoxal est de 20 minutes environ.

La succession temporelle de sommeil lent et de sommeil paradoxal constitue un cycle de sommeil qui se reproduit à intervalles réguliers (90 à 100 minutes). Au cours d'une nuit, 4 à 6 cycles de sommeil se succèdent, selon la durée totale du sommeil. La durée du sommeil de nuit, variable selon les personnes, est en moyenne de 7 h 30 + 2 heures.

L'étude clinique et expérimentale a montré, à côte de l'influence de l'environnement, celle de l'hérédité sur le sommeil. Il existe en effet des familles de petits ou gros dormeurs. L'"hybridation naturelle" (un parent petit dormeur, l'autre gros dormeur) produit des descendants petits, moyens ou gros dormeurs. Cette notion est importante pour interpréter la résistance à la privation de sommeil. La conception actuelle du sommeil suggère que les mécanismes de déclenchement et de production du sommeil lent sont différents de ceux du sommeil paradoxal. Pour chaque état de sommeil, il existerait un ensemble de neurones responsables de la synthèse de substances hypnogènes. Ces dernières seraient synthétisées progressivement au cours de l'éveil et déclencheraient l'envie de dormir à partir d'un certain seuil. Ces substances, vraisemblablement de nature peptidique, n'ont pas encore été isolées. Elles agiraient sur d'autres ensembles neuronaux responsables des différents signes du sommeil. D'autres mécanismes assez bien connus (horloge biologique) contrôlent la survenue dans le temps des états de sommeil.


La privation du sommeil

La privation de sommeil est l'empêchement de la survenue normale du sommeil. Il est aisé de comprendre que la prolongation de l'éveil entraîne une accumulation anormale de substances hypnogènes. Ces dernières sont, peut-être, métabolisées en dérives qui seraient toxiques et entraîneraient les différents troubles qui seront décrits ci-dessous. Cette hypothèse rend compte des troubles progressivement croissants avec la durée de la privation. La privation de sommeil est à distinguer de l'absence de sommeil due à la non-synthèse de ces substances hypnogènes et caractérisée par le fait que les personnes n'éprouvent pas le besoin de dormir malgré des éveils très prolongés. L'absence de sommeil ou agrypnie se rencontre dans certaines maladies neurologiques (chorée de Morvan). L'ignorance des voies de synthèse de ces substances empêche l'étude expérimentale des effets de l'absence de sommeil.

Méthodes de privation

Schématiquement, elles sont au nombre de deux: méthode instrumentale et méthode pharmacologique. La méthode instrumentale consiste à empêcher le sommeil par des stimulations variées (exercice physique, secousses, chocs, etc.) dont la liste s'allonge avec l'imagination de l'expérimentateur ou du tortionnaire. La méthode pharmacologique consiste à administrer des substances qui stimulent l'éveil ou qui bloquent l'expression des signes du sommeil. Les deux méthodes ont en commun le phénomène de rebond. A l'arrêt des stimulations ou à la fin de l'action des drogues, si le sujet est laissé libre de dormir, on constate que la durée de sommeil est augmentée. Cette augmentation, proportionnelle à la durée de la privation, représente environ 50 à 60% de la dette de sommeil.

Effets de la privation de sommeil

Les effets sont variables selon les individus. L'étude génétique et les notions de "petits" ou "gros" dormeurs sont trop récentes pour qu'elles aient été prises en compte dans l'étude des effets de la privation. Les effets se manifestent des 24 heures de privation.

A. Privation totale du sommeil

La durée des expériences contrôlées varie de 1 a 11 jours (264 h). Les effets sont multiples et leur intensité est fonction de la durée de privation et de l'état de stress du sujet.

1. Les troubles de l'humeur sont les premiers à se manifester.

On observe:

- une irritabilité et une irascibilité croissantes;
- une alternance rapide (quelques minutes) d'euphorie et de dépression;
- parfois une indifférence à l'environnement avec le désir de rester seul.

2. Instabilité psychomotrice. La personne ne peut rester immobile. Elle éprouve le besoin de se déplacer, de changer de place, de position (debout, assis). De ce fait, elle a des difficultés à fixer son attention.

3. Les troubles de la sphère visuelle sont multiples et variés

- sensation de brulure, de picotements oculaires. L'observation montre une hyperhémie conjonctivale (yeux rouges);
- le sujet voit du brouillard autour des lumières. Parfois, diplopie. La lecture est alors difficile;
- changement de forme des objets. Le sujet a l'impression que le sol ondule, que les lumières clignotent, que les objets bougent rapidement dans le champ visuel latéral;
- hallucinations vraies. Elles peuvent survenir dès le 3e jour de privation. Au début, le sujet critique ces hallucinations puis il y croit de plus en plus. Ces hallucinations sont particulières: le sujet voit des fils, des cheveux qu'il cherche à enlever; il croit voir des fourmis, des vers sur sa peau (témoins des dysesthésies ressenties).

4. Troubles somesthésiques. Dysesthésies: la personne perçoit des fourmillements des extrémités (mains, pieds). Au niveau de la face, elle a l'impression d'avoir un chapeau très serré. Des trémulations des paupières et au niveau des membres sont observables. Les tests mettent en évidence une augmentation de la sensibilité à la douleur.

5. Les troubles auditifs sont très inconstants. Le sujet entend des bruits paraissant lointains (sifflements, cloches).

6. Désorganisation de la pensée. Les troubles se caractérisent par :

- un ralentissement de l'idéation entraînant une parole lente et basse. Aux questions posées, la réponse est longue à venir comme si le délai de reflexion était augmenté;
- des difficultés à trouver le mot correct. Les phrases restent inachevées. Le sujet a des difficultés à garder un raisonnement logique. Il perd "le fil" logique du discours;
- une suggestibilité accrue;
- des oublis des faits récents: il existe une cenaine amnésie antérograde. De plus, les personnes privées de sommeil éprouvent des difficultés à se projeter dans le futur (amnésie du futur). Cela est d'autant plus perceptible que ces personnes exercent des responsabilités importantes. Elles se préoccupent essentiellement de la routine quotidienne;
- une confusion et une désorientation temporo-spatiale après 5 a 6 jours de privation.

7. Syndrome végétatif (inconstant). Il est possible d'observer une tachycardie modérée et une hyperthermie (38°-38°5). De plus, l'augmentation de la sensation de faim entraîne une hyperphagie. Des céphalées, des gastralgies, une augmentation de la libido peuvent être observées.

8. La perception temporelle est modifiée. Tantôt le sujet croit que le temps passe vite, tantôt il le croit ralenti. Ce fait est objectivé par le test du "tapping"; on demande au sujet de battre la seconde: il tape plus vite ou plus lentement que le temps réel.


B. Privation partielle

La privation partielle est réalisée avec les mêmes méthodes que la privation totale mais elle est limitée à 2, 3 ou 5 heures chaque jour. Les changements de rythmes de travail peuvent entraîner des privations de sommeil. Les mêmes troubles sont observés mais leur apparition est plus progressive et peut s'étaler sur plusieurs semaines.

Résistance à la privation de sommeil

La résistance à la privation de sommeil n'a pas fait l'objet de publications. Une hypothèse devrait être testée: est-ce que les "petits" dormeurs sont plus résistants à la privation que les "gros" dormeurs ? Les associations de privations paraissent diminuer la résistance. La privation de lumière (obscurité complète, cagoule, etc.), la privation de sons extérieurs qui amplifie les sons internes (cœur, articulations, intestin) sont très mal supportées. Les conditions psychologiques influencent beaucoup la résistance. R. Siegel a fait une revue de 30 cas de prise d'otages. Ces personnes soumises à l'isolement, à la privation de lumière et à la restriction de mouvement peuvent présenter des hallucinations visuelles survenant en quelques heures si toutes ces contraintes sont accompagnées de menaces de mort.

L'association de privation de sommeil avec l'administration de psychotropes a été très peu étudiée. Les benzodiazépines posent des problèmes médico-légaux. En effet, associées à L’alcool, elles entraînent une très forte suggestibilité accompagnée d'amnésie lacunaire de quelques heures. La résistance est très augmentée si le sujet peut dormir quelques heures. A la fin de la privation, le phénomène de rebond est observé. La durée du sommeil est fortement augmentée. Les troubles disparaissent pour la plupart après un à deux jours de sommeil.

Zones à risques de privation de sommeil

Il est possible de définir quatre grands groupes de risques de privation de sommeil.

1. Zones à risques dépendantes de la justice:

- au cours de la garde à vue; les interrogatoires prolongés sont à l'origine de privation de sommeil. Les aveux obtenus dans ces conditions sont sujets à caution du fait de l'augrnentation de la suggestibilité des individus;
- dans les prisons; les conditions de détention (isolement ou surpeuplement) sont susceptibles de provoquer d'importantes privations de sommeil avec leur retentissement sur le comportement. La prescription, parfois généralisée de tranquillisants augmentant la suggestibilité est un moyen utilisé pour pallier aux mauvaises conditions de détention.

2. Dans les hôpitaux:

- les Services de soins intensifs et de réanimation réalisent des privations de sommeil instrumentales quasi expérimentales. La surveillance et les soins horaires ou plus fréquents même la nuit, l'absence de repères temporels (lumière permanente ou semi-obscurité) sont des facteurs de privation de sommeil à l'origine de syndromes psychiatriques qui apparaissent de 3 à 5 jours après l'admission dans le service. La prévention est souvent possible: établir une alternance jour/nuit très marquée avec montre ou horloge facilement visible. L'automatisation de la surveillance (pouls, tension artérielle, température) devrait permettre à un certain nombre de malades conscients de dormir suffisamment;
- les autres services médicaux ou chirurgicaux peuvent également être responsables de privations partielles de sommeil du fait de la température ambiante souvent élevée, du bruit nocturne dont le personnel soignant ne se rend pas toujours compte. De plus, l'absence fréquente de relations humaines, de dialogue aggrave l'anxiété des personnes hospitalisées, source fréquente d'insomnie. Là encore, la prévention est aisément réalisable.

3. Organisation des horaires de travail

Le sommeil est favorisé par des horaires réguliers. Tout changement d'horaires entraîne des perturbations du sommeil. Le travail de nuit, le travail posté, les horaires irréguliers (chauffeurs routiers, vols transméridiens fréquents, etc.) provoquent des troubles semblables à ceux décrits lors des privations de sommeil expérimentales. La répétition fréquente de ces troubles peut entraîner chez certaines personnes un syndrome narcoleptique caractérisé par la survenue de sommeil paradoxal au cours de l'éveil. La narcolepsie est à l'origine de nombreux accidents de travail et de la route. Dans un grand nombre de cas (90%), les narcoleptiques sont porteurs d'un groupe tissulaire particulier (DR2). L'inadaptabilité aux changements de rythme devrait être dépistée pour que ces personnes ne soient pas soumises à ces changements.

4. Dans les familles:

- les enfants sont les premières victimes des mauvaises conditions de logement (bruit, surpeuplement, télévision). Ces privations partielles permanentes sont à l'origine de troubles de l'attention, d'instabilité motrice et d'irritabilité souvent sources ignorées d'échec scolaire;
- les adolescents éprouvent fréquemment des troubles du rythme du sommeil entraînant des privations périodiques de sommeil qu'il faut rechercher chez ces jeunes qui, devenant ainsi irritables, instables, sont qualifiés de "caractériels". Le seul traitement efficace est la resynchronisation des rythmes de sommeil;
- chez l'adulte, les petits ou les gros dormeurs ont tendance à imposer à leur entourage leurs horaires de sommeil, attitude qui est la source de nombreux conflits. La prévention passe par la prise de conscience que nous sommes tous différents: le sommeil est une caractéristique individuelle au même titre que la couleur des cheveux. Ne pas imposer son propre rythme de sommeil à son entourage familial ou professionnel fait partie du respect élémentaire des droits de chacun. En effet, une des fonctions supposées du sommeil et du rêve en particulier serait la préservation de la personnalité de l'individu. Au cours du rêve, s'exprimeraient les composantes héréditaires de la personnalité auxquelles s'intégreraient les acquis journaliers afin de réaliser une adaptation harmonieuse à l'environnement Le "droit au rêve" est un facteur primordial pour résister au conditionnement psychologique.

En conclusion, la privation de sommeil volontaire ou involontaire est un phénomène fréquent et de plus en plus fréquent actuellement. Utilisée volontairement, elle est une atteinte à la personne physique et psychique d'autant plus pernicieuse et perverse qu'elle ne laisse pas de séquelles physiques. Cependant chez des sujets fragiles, des syndromes psychotiques ont été observés après une privation prolongée de sommeil.


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