D’où vient le V de la victoire
- Par Lydie
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Winston Churchill a fait du V de la victoire son emblème. Mais ce n’est pas lui qui l’a inventé. Selon l’historienne Aurélie Luneau dans son ouvrage Radio Londres (1940-1944) (ed Perrin), relayé par le blogueur Jean Véronis, l’idée vient d’un ancien ministre belge, devenu animateur de la section belge de la BBC, Victor de Laveleye.
Le 14 janvier 1941, il incite ses compatriotes à tracer des V partout en Belgique, « parce que V, c’est la première lettre de Victoire en français et de Vrijheid (liberté) en flamand… »
« Il faut que tous les patriotes de Belgique aient un signe de ralliement, qu’ils multiplient ce signe autour d’eux, qu’en le voyant inscrit partout, ils sachent qu’ils sont une multitude. Et que l’occupant, lui aussi, en voyant ce signe, toujours le même, se répéter indéfiniment, comprenne qu’il est entouré, par une foule immense de citoyens belges qui attendent impatiemment son premier fléchissement, guettent sa première défaillance ».
L’idée fait florès : les V fleurissent en Belgique puis en Hollande, dans le nord de la France et enfin dans le reste de l’Europe. On les graffite sur les murs mais aussi les voitures des Allemands et ils entourent d’un cercle le V du mot Verboten (interdit en allemand) qui s’affiche en zone occupée.
V de la victoire et croix de Lorraine / Creative Commons
Puis, en juin, le V devient un symbole sonore, par analogie avec la lettre V en morse : trois brèves, une longue. (tu-ti-ti-ta). Il devient l’indicatif de Radio Londres, qui reprend la première mesure du premier mouvement de la Vème symphonie de Beethoven.
Des chauffeurs de train le lancent à coup de sifflet quand ils entrent dans les gares, les forgerons le tapent au marteau, des promeneurs le sifflent etc.
Les Allemands tenteront, en vain, de récupérer le symbole. »Il faut faire passer les Anglais pour des plagiaires », dira Goebbels avant de donner l’ordre de reprendre le V comme symbole du mot allemand Victoria.Mais rien n’y fera et le V restera le symbole de la résistance alliée.
Par Caroline Péneau