10 ans de vape : le bilan en termes d'efficacité et de santé
- Par Admin
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La vape est apparue dans les pays occidentaux dans les années 2007/2008. Certes de manière très marginale à l’époque. Nous n’étions pas nombreux à vaper en ces temps anciens. De véritables extra-terrestres qui ont croisé bien de regards ahuris ou étonnés sur leur passage.
Elle a connu un véritable essor à partir de 2011 grâce à un alignement des planètes : apparition des magasins physiques qui donnèrent une visibilité, arrivée de matériels bien plus fiables, plus faciles d’utilisation et offrant une certaine autonomie, ainsi qu’un éveil de l’intérêt des médias de masse, au départ plutôt bienveillants dans leur ensemble.
Il y a donc maintenant plus de 10 ans que des millions de fumeurs et fumeuses à travers la planète ont testé la vape.
Il est donc temps de dresser un bilan, n'est-ce pas ?
1. Un outil décrié.
La vape est un outil particulièrement décrié. Il n’est pas rare de lire ou d’entendre des informations mettant en doute son efficacité, abordant sa dangerosité, égrenant le nombre de batteries qui explosent aux quatre coins de la planète, rendant publics des résultats d’études scientifiques particulièrement négatifs, affirmant que les produits de la vape sont un piège pour amener les adolescents au tabac, etc.
Pire même : le deuxième semestre 2019 a vu un emballement médiatique suite aux morts américains après l’utilisation de vaporettes. Des centaines d’articles ont été rédigés, certains médias énumérant presque quotidiennement le nombre de morts, donnant l’impression d’une véritable hécatombe. Emballement qui s’est traduit par un affolement dans de nombreux pays, comme les USA. Les détracteurs de la vape exultèrent : ils l’avaient bien prophétisé que la vape était un produit démoniaque. Ils avaient dorénavant la preuve. Pas de bol, les prophètes se sont plantés dans les grandes largeurs ; ce n’était pas la vape qui était responsable mais un détournement de son utilisation. Vous découvrirez toute l'affaire sur ce fil de disussion. Vous constaterez aussi que, très vite, dès août 2019, nous savions presque avec certitude que le problème n'était pas la vape elle-même.
Le résultat de ce dénigrement ne fait pas un pli : en France, dans le cadre d’un sondage réalisé en 2019, 59 % des sondés estimaient que la vape était aussi dangereuse que le tabac ou plus dangereuse (lire ce sujet). Cette méfiance, voire cette image désastreuse, on la retrouve dans bien d'autres pays, comme la Belgique par exemple (lire ici).
Même au Royaume-Uni dans lequel les organisations de santé sont dans l’ensemble plutôt favorables à la vape et n’hésitent pas à le dire et le répéter publiquement, 53 % des anglais pensent que la vape est aussi voire plus dangereuse que le tabac.
2. L’efficacité de la vape.
Réfléchissons posément 5 minutes. Si on fait preuve d’un brin d’objectivité, on ne peut que conclure que, par nature, les produits de la vape sont susceptibles d’apporter une véritable aide au sevrage tabagique. En effet, on conserve une gestuelle à peu près équivalente à celle qui consiste à tirer sur sa clope, on garde un semblant de fumée, plutôt de la vapeur dans le cas présent, on préserve les rituels qui rassurent (après le repas, après l’amour, lorsqu’on est en situation de stress ou d’inquiétude, la « pause clope » transformée ici en « pause vape »). At last but not least, on conserve la nicotine. Mais, contrairement aux patchs, l’apport nicotinique se fera par « pics », comme avec le tabac.
La vape est née d’une idée simple mais géniale : elle simule au mieux le tabac, sans en être, tout en limitant les effets de manque grâce à l’apport de la nicotine.
Aussi, la vape a un énorme avantage : le fumeur va pouvoir faire une transition aussi douce que possible, à condition d'adhérer au principe. La vape n’est pas forcément adaptée à tout le monde. Ensuite, il s'agit de trouver une combinaison matériel/liquide/dose de nicotine qui convienne.
Encore mieux même : si on trouve un liquide qui plaît, alors on peut même aborder la transition tabac/vape avec plaisir, avec joie, avec sérénité quelquefois, ce qui augmente d’autant plus l’efficacité de la méthode.
Mais, aussi séduisante cette théorie soit-elle, cela ne reste à ce stade qu’une jolie théorie. Que nous dit la pratique ?
Après plus d’une décennie d’existence, on commence à avoir des chiffres permettant de valider l’idée d’une efficacité. En France, Santé Publique France estime que 700 000 français ont arrêté le tabac avec la vape en 7 ans, soit 100 000 par an (lire ici).
La vape peut donc permettre de sortir du tabagisme. Personne de bonne foi ne peut dire le contraire. Affirmer qu’on ne sait pas si la vape est efficace, c’est faire preuve soit de malhonnêteté soit d’une ignorance crasse. Ou bien des deux.
Il reste néanmoins à estimer le taux d’efficacité de la vape. De nombreuses études scientifiques ont été réalisées à ce sujet. Si les premières portaient sur peu de cas, aujourd’hui, des études beaucoup plus larges sont publiées.
Dans une grande majorité des cas, elles établissent que la vape offre une meilleure efficacité que les méthodes de sevrage classique. Vous voulez des preuves ? Pas de souci, vous pouvez consulter ce sujet ou bien encore celui-là ou peut-être encore celui-ci ou peut-être ces études finiront par vous convaincre ? Enfin, nous terminerons par citer ces deux dernières études de mars 2021. A notre connaissance, une seule étude récente a publié des résultats "négatifs". Et encore, par négatifs, entendons-nous bien : elle indiquait de manière tonitruante que la vape n'était pas plus efficace que les autres méthodes de sevrage. Mais, à la réalité, pas moins non plus. Et, comme on peut le constater, ces résultats sont à l'opposé de la grande majorité des études réalisées en ce sens qui, elles, démontrent la plus grande efficacité de la vape.
Deux écueils peuvent tirer le taux d’efficacité de la vape vers le bas :
- un fumeur qui achète un matériel non adapté à ses besoins, soit par méconnaissance, soit par une mauvaise information des vendeurs ;
- un fumeur qui prend un liquide avec un taux de nicotine non adapté. C’est probablement un des risques majeurs. La nicotine étant largement diabolisée et victime de préjugés, certains pensant même qu’elle peut être cancérigène, de nombreuses personnes sont tentées de commencer avec un taux de nicotine trop bas ou encore de le baisser rapidement, histoire d’en finir le plus vite possible avec cette substance. On le constate sur le forum : toutes celles et tous ceux qui procèdent ainsi finissent par échouer presque inévitablement et retourner vers le tabac, aussi vite qu’ils ont voulu en finir avec la nicotine.
Dans l'arrêt du tabac, la nicotine sera notre meilleure alliée, même si on décide de s'en débarrasser une fois le sevrage achevé et loin derrière nous. Chaque chose en son temps.
3. La dangerosité de la vape.
Nous sommes faits pour respirer de l’air. Inspirer toute autre substance n’est pas naturel. La vape n’est donc pas anodine. Les vapoteurs encourent donc probablement un risque supplémentaire sur leur santé par rapport aux non-fumeurs. Mais affirmer cela n’a aucun sens si on ne compare pas les risques de la vape aux risques tabagiques, puisque l’immense majorité des vapoteurs sont d’anciens fumeurs.
Une étude scientifique qui affirme qu’il peut y avoir un risque à terme à vaper ne dit rien de plus que ce que le bon sens permet de déduire facilement. Elle ne signifie donc rien si les résultats ne sont pas comparer à ceux du tabagisme, à ceux d’autres méthodes ou d’autres produits.
Or, d’après ce que l’on sait à ce stade, les risques liés à la vape sont sans commune mesure avec ceux du tabac. Voici un graphique permettant de mieux visualiser la chose (plus d'informations sur ce sujet) :
Ce graphique se comprend mieux si on conserve à l'esprit que le tabagisme est la première cause de mortalité évitable dans le monde. Selon l’OMS, environ 8 millions d’être humains décèdent chaque année du tabac dans le monde (lire cette page).
Comme l’affirme l’Académie française de médecine, la vape est par construction et par nature moins risquée que le tabac (à découvrir ici). En effet, comment un mélange propylène de glycol + glycérine + arômes + nicotine pourrait-il être plus dangereux qu’un mélange monoxyde de carbone + goudron + nitrosamine + nicotine ? Comment pourrait-il tuer en quelques semaines ? Quelle est la base scientifique d'une telle affirmation ?
De plus, en chauffant beaucoup moins que le tabac, la vape ne produit aucune combustion. Or, c’est cette dernière qui engendre l’apparition du monoxyde de carbone, du goudron ou des métaux lourds (cadmium, plomb, mercure).
Ainsi, passer totalement du tabac à la vape n’engendre aucun risque supplémentaire pour la santé. Cela permet au contraire de réduire sensiblement les risques sur la santé.
Mieux même : on peut même encore plus fortement atténuer ces risques si on arrête la vape. En effet, contrairement au tabac, les fabricants de liquide proposent différents dosages nicotiniques pour leur liquide, de fort (16 à 20 mg/ml) à très bas (de 3 à 6 mg/ml), voire même des liquides sans nicotine. Quelqu’un désirant arrêter la vape pourra donc baisser régulièrement son taux de nicotine. A la condition sine qua none de ne pas brûler les étapes et de vouloir précipiter cet arrêt, ce qui entraîne souvent un retour tout aussi rapide au tabac. L’arrêt de la vape doit être souvent envisagé dans le temps, sans se presser, sans se précipiter.
Cependant, attention : si certains arrivent à rompre avec la vape assez facilement, il semblerait que d’autres aient plus de difficultés (lire ce fil de discussion édifiant). A notre connaissance, il n’existe pas de statistiques officielles sur l’arrêt de la vape. Celles et ceux qui auraient des difficultés sur cette voie qu'ils ont choisi ne doivent pas hésiter à demander de l’aide, notamment en s’adressant à des spécialistes (médecins, tabacologues) ou sur le forum. Car des solutions ou des pistes existent (association patchs-vaporette par exemple).
Quant à celles et ceux qui ne souhaitent pas arrêter, leur choix est évidemment respectable. Il revient à chaque individu de choisir sa vie. Ces personnes doivent assumer un risque supplémentaire par rapport au reste de la population non-fumeuse ainsi que les incertitudes sur les conséquences de la vape sur la santé à long terme. Certains plaisirs que l’on souhaite s’offrir ne sont pas sans conséquence (sports extrêmes, bonne bouffe, alcool, etc.). C’est toujours la question de la balance bénéfices/risques.
N’oublions pas non plus qu’une vie saine ne garantit pas de ne jamais tomber malade. Cela diminue grandement les risques, ce qui est déjà énorme.
4. Quelques pistes.
Cependant, afin de limiter les risques au maximum, il y a quelques précautions à prendre, souvent logiques d’ailleurs :
- n’utiliser que des produits proposés par des professionnels de la vape. Ne rien ajouter dans ses liquides qui ne soit pas vendu par des spécialistes reconnus du secteur. On n’ajoute donc pas d’arômes alimentaires, d’huiles essentielles, de THC, d’huile de vidange ou tout autre produit de son cru. On n’achète rien au marché noir. La crise américaine de l’EVALI a été provoquée par des liquides issus du marché noir et dans lequel des substances incompatibles avec la vape ont été ajoutées ;
- privilégier les liquides nicotinés dans des fioles de 10 ml. En effet, les liquides nicotinés vendus au sein de l’UE doivent être déclarés et leur composition détaillée. En France, l’Agence Nationale de Sécurité (ANSES) a initié les contrôles des liquides et de leurs compositions (lire ce sujet ou bien celui-ci). Elle a identifié certaine substances problématiques dans certains liquides pouvant augmenter les risques et a promis de faire en sorte de les éliminer. On peut aussi favoriser les gammes certifiées AFNOR qui promettent une plus grande qualité, même s’il est anormal que les textes décriant ces normes ne soient pas disponibles gratuitement aux utilisateurs (lire ce sujet de discussion pour avoir plus de détail sur ce que contient ces normes AFNOR) .
Bien entendu, il n’est absolument pas dit que les liquides sans nicotine, que les bases neutres ou bien que les arômes utilisés pour faire du liquide fait-maison soient forcément moins sains que les autres mais juste qu’ils échappent à tout contrôle spécifique ;
- privilégier les liquides avec peu d’arômes et d’exhausteurs de goût divers et variés. Les principales zones d’ombre de la vape se situent aux nivaux de toutes les substances ajoutées pour produire l’odeur et le goût. Certes, cela peut rendre le goût beaucoup plus intéressant mais cela pourrait poser un problème ;
-prendre soin de ses batteries et ses accus. Ne jamais les mettre en contact avec des objets métalliques par exemple, ne jamais utiliser des accus de marques inconnues ou des accus abîmés.
Les utilisateurs doivent être des acteurs de leur santé et ne jamais laisser cette dernière dans les seules mains des industriels.
Outre les principes de précaution, c’est à chacun d’entre nous de rester attentif et de ne pas hésiter à demander aux vendeurs des précisions sur la composition exacte du liquide (pour les liquides nicotinés, cette composition est rendue publique sur le site de l’ANSES), s’ils proposent des liquides aux normes AFNOR, ce que propose de plus ces normes, si des analyses de liquide sont quelquefois effectuées sur les liquides que vous achetez.
Enfin, notons qu’en 12 ans d’existence dans les pays occidentaux, aucun mortalité prématurée n’a été mise sur le compte de la vape, hormis deux exceptions :
- les morts américains à l'été 2019 que nous avons déjà évoqués. Les autorités sanitaires américaines ont rétropédalé au bout de 6 mois, pour finalement avouer que ce n’est pas le contenant qui posait problème mais bel et bien ce que certains « vapoteurs » ou certains dealers au marché noir ont pu mettre dans les fioles et qui n’avait rien à voir avec un liquide classique. Si vous reprenez ce fil de discussion, vous remarquerez que, dès le début, nous avions des pistes et certains médias comme certains acteurs locaux avaient déjà compris où se situait le problème. Pourtant, il a fallu de nombreux mois pour que la vérité éclate enfin.
- les morts recensés dans le monde suite à des explosions d’accus (moins de 5 décès à notre connaissance depuis le début de la vape), souvent liés à des mods mécaniques mal utilisés.
5. La dangerosité n'est peut-être pas là où vous croyez.
Alors dangereuse, la vape ? En fait, oui, elle l’est bel et bien. Mais ce ne sont peut-être pas pour les anciens fumeurs qu’elle est forcément la plus risquée.
Elle est dangereuse pour l’industrie du tabac qui, voyant ses fidèles clients partir à tour de bras, a dû investir des milliards d’euros pour proposer leurs produits de vape au lieu de les filer à des actionnaires. Alors, si le fait de ne pas donner votre argent à des actionnaires de l’industrie du tabac vous attriste, soyez sans crainte : c’est toujours possible de le faire, soit en continuant à fumer, soit en utilisant leurs produits de vape ou de tabac chauffé. N’hésitez surtout pas à continuer à enrichir les plus riches. Ils en ont bien besoin, c’est certain.
Elle est dangereuse pour beaucoup de bureaux de tabac en France ou de magasins non spécialisés à travers le monde qui n’ont peut-être pas les moyens d’offrir autant de choix et surtout un accompagnement personnalisé comme peuvent le faire certains magasins spécialisés. En règle générale, ces commerçants ne demandent pas l’interdiction de la vape, ils ont bien compris qu’il y avait des biftons supplémentaires à ramasser. Ils souhaitent juste le monopole. Ben, oui, hein, pourquoi tolérer l’existence des magasins spécialisés uniquement dans les produits de la vape ?
Elle est dangereuse pour certains laboratoires pharmaceutiques. Cela doit forcément bien grincer des dents parmi ceux qui refourguent des produits de sevrage tabagique lorsque des études mettent en évidence les faibles taux de réussite de leurs produits et révèlent par dessus le marché que la vape peut être bien plus efficace. Là encore, c’est de perte de chiffre d’affaires dont on parle ici. Ces laboratoires n’ont aucun intérêt à ce que vous découvriez ces études. Alors, pas de souci, ne lisez pas, continuez à penser que la vape n’est pas pour vous et achetez des patchs ou des gommes si vous souhaitez arrêter de fumer. Là encore, il est nécessaire d’enrichir les actionnaires de ces labos. Il est certain qu’en cette période de pandémie, les labos ne remplissent pas assez le tiroir-caisse.
Elle est dangereuse pour certains professionnels de santé qui estiment qu’il convient obligatoirement de passer par eux et par des méthodes de sevrage validées pour arrêter de fumer. Bien entendu, la vape remet en cause leurs certitudes. Certitudes d’autant plus ancrées que quelques-uns de ces professionnels sont financés par des laboratoires pharmaceutiques, quelquefois au plus haut niveau mondial.
Elle est dangereuse pour certains moralistes dépassés, imprégnés de dogmes moyenâgeux mal digérés, qui estiment que le sevrage doit passer par l’épreuve. Il faut souffrir pour être totalement absous du péché. Alors des gens qui s’éclatent avec un liquide fraise est une situation parfaitement scandaleuse qui bouleverse bien des idées reçues.
Elle est dangereuse pour certains hygiénistes rêvant d’un monde parfait, pour qui le simple fait de mettre une vaporette à la bouche est un geste qui ne participe pas à la dénormalisation du tabac. Pourtant, en quittant le tabac pour la vape, ne contribuons pas de manière éclatante à dénormaliser le tabac ? Ces apôtres d’un monde de bisounours font passer leurs idéaux avant l’intérêt des fumeurs. Et certainement du leur. Il n’est pas certain qu’ils aient tous atteints dans leur propre vie la perfection humaine qu’ils exigent eux-mêmes des autres.
La vape vient chambouler un petit monde qui vivait fort bien du statu quo, pour les uns à grand renfort de préjugés et, pour les autres, des billets qu’ils récoltaient.
L’argent vient toujours jeter un voile opaque sur la science.
6. Les limites de la vape.
La vape n’est pas parfaite. Même si nous considérons dans le staff que c’est un outil génial pouvant permettre de changer positivement la vie de millions d’êtres humains à travers la planète - elle a déjà radicalement changé la nôtre - elle a ses limites ou pose des questions qu’il convient de ne pas mettre sous le tapis.
6.1. Diminution des risques n’est pas absence de risques.
La première limite est liée à la santé. Comme nous l’avons vu, il y a des incertitudes sur les effets à long terme. Même si on peut considérer que ces effets sont bien moindres que le tabac, il n’empêche que cette incertitude plane sur celles et ceux qui ne souhaitent pas arrêter. Nous devrions être fixés dans une dizaine d’années. Et si, à cette échéance, il n’y a toujours rien, cela voudra dire qu’il est bien difficile de distinguer de manière claire les risques encourus par des non-fumeurs ou des ex-fumeurs de ceux encourus par des vapoteurs, ce qui serait une bonne nouvelle.
Pour que ces risques potentiels soient réduits au minimum, il faut bien entendu que les fabricants ne fassent pas n’importe quoi et n’ajoutent pas n’importe quelle substance dans les liquides. Il convient donc que des analyses et des contrôles soient réalisés régulièrement afin de faire la chasse aux éventuels apprentis-sorciers et bannir toute substance plus ou moins douteuse n’étant pas nécessaire. Il n’est pas indispensable pour vaper d’avoir des liquides composés de 148 arômes auxquels on ajoute du sucre, des édulcorants, des colorants. Le mieux est quelquefois l’ennemi du bien.
6.2. Un quasi-monopole de la Chine sur le marché indépendant.
La quasi-totalité des matériels d’entrée et de moyenne gamme proposés par des entreprises indépendantes du tabac sont fabriqués en Chine. Lorsqu’on s’initie à la vape, il est presque impossible d’échapper aux marques chinoises. C’est donc encore un secteur économique qui échappe presque totalement aux pays occidentaux et ce n’est pas sans poser de réelles questions sur le plan économique. A force de tout laisser à la Chine et de ne conserver que quelques secteurs, comme le tourisme, la culture, la restauration, le luxe, on se retrouve bien démuni lorsqu’on ferme tout pour cause d’épidémie.
De plus, cela peut poser des problèmes éthiques à certaines personnes, la Chine n’étant pas nécessairement un pays très à cheval sur les libertés individuelles. On voit la façon dont elle traite les opposants, le Tibet ou Taïwan.
Relativisons : les liquides sont presque tous fabriqués dans les pays occidentaux, ce qui engendre quelques centaines ou milliers d’emplois. La vape permet de créer des emplois dans le commerce. Au moins il reste cela. Enfin, il est possible d’acquérir du matériel fabriqué ailleurs qu’en Chine, même s’il faut souvent mettre un prix plus élevé et qu’il exige quelquefois quelques connaissances pour être utilisé à bon escient.
En tout état de cause, les débutants sont face à un choix restreint : soit des produits proposés par des fabricants chinois, indépendants des cigarettiers, soit ceux des cigarettiers (Vype, Blu, Iqos, etc.) mais qui sont aussi probablement fabriqués en Chine pour la plupart. On a vu des choix plus honorables.
6.3. La vape et les jeunes.
Des jeunes qui ne fument pas peuvent-ils être attirés par la vape ? Et, une fois accrochés par la vape, peuvent-ils massivement passer au tabagisme ? La fameuse théorie passerelle ou « porte d’entrée vers le tabagisme », cheval de bataille de nombreux détracteurs de la vape.
Il convient de distinguer deux cas : les mineurs et les autres. Concernant les mineurs, il est bon de rappeler que la vente des produits de tabac et des produits de la vape sont interdits dans de très nombreux pays aux mineurs. Ainsi donc, il est strictement anormal que des mineurs puissent vaper quotidiennement et suffisamment pour devenir accrocs. Dans la majorité des cas, c’est soit le fait des parents qui pensent que vaper est un moindre mal et fournissent à leur progéniture le matériel nécessaire, soit c’est de la responsabilité de commerçants peu scrupuleux et quelquefois d’entreprises n’hésitant pas à jouer sur une image hyper jeune.
La vape chez les mineurs est donc une responsabilité d’adultes au premier chef plutôt que la responsabilité de la vape qui n’a rien demandé.
Il convient donc, afin d’éviter un possible phénomène de contagion chez les ados, de faire en sorte que les lois votées soient correctement appliquées. Ce serait déjà un premier pas dans l’ordre naturel des choses.
Donc, l’interdiction des arômes dans les liquides que proposent certains détracteurs afin, paraît-il, de protéger les mineurs viendrait en plus de lois qui interdisent déjà la vente à ces mêmes mineurs. Attitude parfaitement hypocrite. Cette proposition ne vise probablement pas à protéger les mineurs mais restreindre son utilisation dans toutes les catégories de la population, y compris les adultes.
Concernant les jeunes adultes, oui certains sont attirés par la vape et deviennent vapoteurs alors qu’ils ne sont même pas fumeurs. Quant à la théorie de la passerelle, les études parues à ce sujet sont à ce jour bien contradictoires. En France, à notre connaissance, l’association Paris Sans Tabac et l'INSERM ont réalisé des enquêtes sur ce sujetv qui n'ont pas de passage massif de la vape au tabac (lire ce sujet).
Aux USA, certaines études semblent montrer un passage de l’état de vapoteur à celui de fumeur tandis que d’autres montrent au contraire que, alors que le nombre de vapoteurs jeunes augmentent, le nombre de fumeurs dans la même tranche d’âge diminue de manière équivalente (voir ici la conférence du Pr Levy).
Alors s’il est normal de s’intéresser au nombre de vapoteurs devenant fumeurs, il convient aussi, par souci d’objectivité et de neutralité, de s’intéresser à tous ceux qui restent vapoteurs et ne succombent pas aux sirènes du tabagisme.
Plus qu’une porte d’entrée vers le tabagisme, la vape peut agir en véritable garde-fou empêchant d’aller vers ce dernier, tant qu’il reste en vente libre et donc accessible facilement.
6.4. Le « vapo-fumage », de l’enfumage ?
Une autre limite est liée à la pratique consistant à concilier vape et tabac, ce qu’on nomme le vapofumage. En effet, il semblerait que les vapofumeurs soient globalement aussi nombreux que les vapoteurs exclusifs. Beaucoup d’entre eux ont considérablement réduit leur nombre de cigarettes. Ce qui est déjà une bonne chose. :D Cependant, selon beaucoup de spécialistes de santé, la diminution du nombre de cigarettes n’est pas le facteur majeur dans la diminution des risques tabagique tant que l’on continue de fumer. Seul le fait d’arrêter le tabac permettrait de réduire sensiblement les risques.
Si vous vapofumez mais que vous diminuez régulièrement le nombre de cigarettes, pas de souci, vous êtes sur la voie de l’arrêt. Par contre, si votre consommation tabagique stagne depuis quelques semaines et que votre priorité est la santé, il faudra probablement revoir votre stratégie et faire quelques efforts.
6.5. La dépendance à la nicotine : vraiment un choix ?
Certains d’entre nous décident de rester dépendants à la vape. En tout cas, nous n’avons pas de plan précis pour se débarrasser de cette dernière. Nous conservons donc un dépendance à la gestuelle et à la nicotine. Outre le risque potentiel supplémentaire évoqué précédemment, la question est de savoir si conserver cette dépendance est une bonne chose.
Certains détracteurs de la vape affirment que conserver cette addiction accroît les risques de replonger facilement dans le tabac. La démonstration inverse peut être apportée : conserver une addiction qui nous convient et nous procure du plaisir, tant qu’elle ne mène pas à notre auto-destruction, permet au contraire de rester loin du tabac. A ce stade, aucune étude portée à notre connaissance ne permet de trancher la question.
Enfin, décide-t-on vraiment de rester addict à la la vape ? Est-ce un choix personnel, mûrement réfléchi ou bien la conséquence de notre difficulté plus ou moins consciente à arrêter la nicotine ? En somme, cette addiction ne nous pousse-t-elle pas à rester dans cet état, dans un espace de confort plus ou moins fragile que nous pensons être un choix personnel, notre liberté, alors que ce n’est qu’une illusion de liberté ? Question bien délicate, vous en conviendrez, à laquelle il est bien difficile de répondre. A chacun de trouver la réponse. Peut-être.
7. Enfin la conclusion.
En arrivant discrètement dans nos contrées, presque en catimini, la vape entraîna un véritable bouleversement. Ce fut ni plus ni moins qu’une révolution dans l’approche de l’arrêt du tabac. Elle bouleversa aussi bien des habitudes, des principes bien établis, même des idéologies bien ancrées ainsi que deux marchés économiques, ceux du tabac et des produits de sevrage, qui, mine de rien, se portaient plutôt bien et se partageaient le gâteau. On comprend alors bien mieux pourquoi certains souhaitent l’interdire ou restreindre son développement.
Bien entendu, elle a des défauts et des limites. Même si elle peut être agréable et ludique, la vape n'a rien d'un jouet. Elle doit donc être utilisée à bon escient et chacun doit avoir conscience de ses limites. Cependant, bien exploitée, bien utilisée, elle est un formidable outil pour l’arrêt du tabac.
Et, après tout, n’est-ce pas là le principal pour des millions de fumeurs qui éprouvent souvent bien des difficultés à arrêter le tabac et n’entrevoyaient pas d’issue ?
La vape est certes une révolution mais elle sera aussi ce que nous en ferons. C'est un outil qui peut être utile à toutes et tous. On ne doit donc pas la laisser uniquement dans les mains de fabricants peu scrupuleux, on ne doit pas non plus se désintéresser de ce qu'elle contient, on ne doit pas non plus laisser son destin aux mains des détracteurs, car leurs critiques ne sont pas forcément suggérer par un amour immodéré de l'humanité, ni même confier uniquement son destin aux mains des politiques.
Car la vape est un espoir pour des millions d'êtres humains à travers le monde. L'espoir d'un avenir sans tabac pour des millions de personnes qui n'en avaient plus.
La vape est aussi un enjeu de santé publique. Et comme la santé nous concerne aussi, elle est notre enjeu.
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout.