Le vinaigre pour les poules

Quel vinaigre choisir pour les poules ?

On entend par "vinaigre" : le vinaigre de cidre bio et non pasteurisé et aucun autre. Avec un ph de 5-6, il est bien moins acide que les autres vinaigres, il sera d'origine naturelle et c'est justement le fait qu'il soit vivant qui lui donnera ses propriétés. Il aura donc principalement 2 sortes d'effets :

• Les effets acides, liés à l'acide acétique qu'il contient

• Les effets probiotiques, liés à son origine naturelle et chimique.

Le vinaigre blanc ou industriel, est une distillation d’éthanol, il sera plus acide avec un ph de 5-10. Ce vinaigre blanc sera utilisé pur ou dilué pour sa forte acidité et sa capacité à désinfecter et détartrer efficacement mangeoires, abreuvoirs, poulailler,  etc... Il ne devra jamais être donné à ingérer aux poules.

Tous les autres vinaigres sont inutilisables pour un usage aviaire.

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L’acidité gastrique dans l'organisme de la poule :

Commençons par cette notion essentielle pour comprendre tout le reste du fonctionnement du vinaigre sur les poules : on peut être amené à donner un peu de vinaigre, très dilué, pour stimuler, ou acidifier l’organisme en créant un milieu acide qui empêchera bactéries et parasites de se développer. L’équilibre acido-basique du système digestif sera donc forcément perturbé.

D'une manière générale, l'acidité gastrique permet une meilleure digestion des aliments. Trop d'acidité va déclencher une réaction de l'organisme qui va devoir utiliser des minéraux alcalins pour neutraliser l'acide en l'empruntant à ses réserves, aux organes vitaux et aux os. Il se trouve que la poule a un système digestif peu acide et que son métabolisme a d’énormes besoins en calcium.

Vous l’avez compris, jouer avec cet équilibre devra se faire de manière très subtile et méticuleuse. Ajouter de l'acidité induit que la poule doit disposer d'assez de calcium pour rétablir le ph gastrique à son équilibre. Il s’agit au départ d’éviter des maladies, mais une mauvaise utilisation du vinaigre provoquera inévitablement des problèmes bien plus graves que ceux que vous vouliez éviter.

L’alimentation équilibrée de la poule, en particulier minérale et son état de santé joueront donc un grand rôle dans sa tolérance au vinaigre.

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1. Dosage et toxicité du vinaigre

La littérature scientifique ne fait aucune mention de pathologies liées au vinaigre, dans le sens où aucune étude ne décrit l'acide acétique comme étant nocif ou toxique sur la poule en tant que tel, et démontrant que le vinaigre ne doit pas être ingéré par des poules. En revanche, on trouve plusieurs études sur les effets du vinaigre destiné aux poules et le dosage y est très largement documenté. On entend par dosage, la quantité de vinaigre permettant d'observer des effets bénéfiques sans nuire à la santé de l'animal.

Ce dosage maximum indicatif assez largement accepté et confirmé par les études scientifiques est de l'ordre de 2,5ml par litre ce qui correspond à  1 cuil. à soupe pour 5 litres.

A ces dosages, le vinaigre est extrêmement dilué, tout en gardant ses propriétés. Le dosage de 2.5 ml/litre convient pour toutes les utilisations courantes ou préventives. Augmenter le dosage  n'augmente pas  l'efficacité.

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2. Fréquence d'utilisation :

La fréquence moyenne communément accepté du vinaigre est de l'ordre de : 2 à 6 fois par an, pendant une semaine.

Une étude a expérimenté l’utilisation du vinaigre de cidre en continu, "sans rencontrer de problème". Par « problème », il faut entendre des pathologies dans ce cadre scientifique : sur une durée de quelques semaines (en général 6 à 8, voire quelques mois), sous surveillance médicale, et sur des poules qui seront euthanasiée de toute façon à la fin des expériences.

Il faut préciser que d’autres études démontrent aussi que dès qu'on augmente le dosage ou la fréquence du vinaigre, son acidité provoque des irritations et peut endommager les tissus de la gorge, de la langue, des muqueuses du jabot et du circuit gastro-intestinal.

La fourchette de 2 à 6 fois par an semble raisonnable si on respecte l’ensemble des précautions et les dosages. Ce qui importera le plus sera d'abord d'estimer si chaque poule est dans un état de santé permettant d'assimiler ce vinaigre, avant de lui administrer.

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1ère précaution : l’état de santé de la poule.

Dans n’importe quelle circonstance, la qualité nutritionnelle de l’alimentation jouera toujours un rôle décisif. Un faible appétit ou des signes d’apathie (ne bouge plus, n’est plus vive) seront mécaniquement accompagnés d’une baisse de calcium. A un niveau plus sévère, les œufs présenteront une coquille fragile ou molle. Dans tous ces cas, un traitement préventif au vinaigre devra nécessairement être évité ou interrompu s’il est en cours.

C’est cette association entre une poule carencée, et l’ingestion de vinaigre (même dilué) qui aura un effet toxique.

Vous devrez donc veiller à ce que le calcaire soit constamment à disposition sous toutes ses formes, ingéré et métabolisé. Un récipient contenant des coquilles d’œuf ou d’huîtres doit toujours être à disposition dans un endroit sec. L’eau de boisson doit être minéralisée, et la poule doit disposer de végétaux à volonté pour y puiser du calcium Vous pouvez également accompagner un traitement préventif au vinaigre de pâtées nutritionnelles riches en minéraux (poudre de calcium, huîtres en poudre ou coquilles d’œufs) complémentés en vitamine D3 pour favoriser cette assimilation dans l’organisme.

Ce même vinaigre dosé correctement sur une poule bien alimentée et en bonne santé aidera même la poule à assimiler le calcium en le décomposant.

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2ème précaution : l'abreuvoir.

Si vous êtes un éleveur ou une éleveuse modèle, et je suis sûr que vous l'êtes, vous changez l'eau de vos poules tous les jours. A cette occasion vous désinfectez et détartrez le matériel au vinaigre blanc pour éliminer toutes bactéries. Et c'est une bonne pratique.

...sauf si vous utilisez un abreuvoir en zinc. Le vinaigre a la propriété chimique de décomposer ce zinc et de le déliter en petits fragments.

L'intoxication au zinc est extrêmement courante et passe totalement inaperçue. Il ne s’agit pas d’une éventualité, mais d’une certitude : la combinaison du réservoir en zinc ou en acier zingué associé au vinaigre (même dilué) décomposera des particules qui seront forcément ingérées par vos poules à chaque fois qu’elles iront s’abreuver.

Cette intoxication se manifeste par de l'anémie, une pâleur de crête, une perte de poids et des diarrhées, rien de plus anodin. Les symptômes d’une intoxication sévères sont des difficultés d'équilibre, un titubement, l’impossibilité de se déplacer et inévitablement un décès (en général de cause "inconnue"). La pathologie est indécelable, sauf en pratiquant des analyses de sang. (source).

Cet effet d'oxydation et de décomposition du zinc est probablement valable pour d'autres métaux, y compris l'inox, même s'il est difficile d'estimer les effets du vinaigre sur de chaque métal ou alliage. (voir aussi : test des abreuvoirs)

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3ème précaution : la saison et la température.

Le goût et l'acidité de l'eau dissuadent les poules d'aller s'abreuver. Certaines refuseront une eau trop dosée ou contenant simplement du vinaigre ou réduiront leur consommation, comme le révèle une étude sur le sujet.

L'éleveur ne sera pas forcément toujours là pour observer si chacune de ses poules boit, et quelle quantité d’eau elle ingère. Une ou plusieurs poules cessant de s'hydrater ou n'ayant plus que les végétaux pour pourvoir à son hydratation sera fortement affectée.

En cas de vague de chaleur ou de canicule, les conséquences seront bien plus graves, sachant que l’éleveur pensera légitimement avoir pourvu aux besoins de ses poulettes, sans soupçonner qu'elles ne peuvent ou ne veulent boire une eau acidifiée.

1- L'utilisation de vinaigre doit donc être nécessairement assortie d'un second point d'eau fraîche. Notez qu'une autre étude a également conclu qu'a partir du moment où une poule ingurgite du vinaigre, elle aura tendance à consommer d'avantage d'eau claire (sans vinaigre).

2- Il est également conseillé de ne pas mettre de vinaigre (ou de complément au goût acide ou déplaisant) pendant les périodes de fortes températures.

Pour rappel, une déshydratation en période de canicule peut être fatal à une poule en 12h à 24h.

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4ème précaution : médicaments et vinaigre :

Le très sérieux poultryDVM supervisé par une vétérinaire aviaire indique que l'acidité du vinaigre neutralise l'effet de certains antibiotiques (source) et confirme d'ailleurs un certain nombre de points évoqués dans cet article. Il ne semble pas que l’association d’autres médicaments ou de vermifuges avec le vinaigre pose problème.

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Le vinaigre et la coccidiose :

On utilise souvent le vinaigre pour lutter contre des parasites ou des bactéries. La coccidiose, parfois mortelle est en général traitée avec des antibiotiques spécifiques ou à l'amprolium. Un traitement préventif à base de vinaigre est recommandé pour éviter que la maladie ne puisse s'installer et l’expérience semble montrer que cette mesure semble efficace.

Une étude de 2018 conclue à l'efficacité du vinaigre contre la coccidiose. Le problème, c'est que c'est la seule étude sur le sujet (source) et seules 3 poules (!) ont été contrôlées au hasard à la fin de chaque semaine. Bien sûr, on peut se réjouir que ces poules n'aient plus aucune trace de coccidies, mais l’étude ne dit rien des 90% restantes.

C'est bien dommage, parce qu'au lieu d'avoir une certitude, on devra se contenter de ce résultat sur une quinzaine de poules tout au plus. Le vinaigre semble donc très efficace sur la coccidiose, au moins à titre préventif, et si vous n’avez aucun autre choix, possiblement en curatif. Dans le doute, si la maladie se déclare, je vous invite à utiliser un traitement prescrit par vétérinaire utilisant des molécules dont l’efficacité est avérée.

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Le vinaigre est-il vermifuge ?

La réponse semble évidente puisque le principal usage du vinaigre est de lutter contre les parasites internes. Et pourtant on s'aperçoit qu'à ce jour, il n'existe pas d'étude prouvant ces effets sur des poules. Ça ne veut pas dire que le vinaigre n'a pas d'effet, mais simplement qu’aucune recherche scientifique ne peut le confirmer.

Il existe néanmoins une publication à valeur scientifique qui va dans ce sens. (Etude Hayajneh - 12/2018 rev. 05/2019 - American Journal of Animal and Veterinary Sciences)  Elle établit qu'une association vinaigre et gingembre permet d'obtenir des résultats équivalents voire supérieurs aux principaux vermifuges chimiques (albendazole, ivermectin, levamisole...). Le seul problème c’est que cette étude a été réalisée...sur le mouton.

Vous aurez remarqué qu’un mouton n'est pas une poule. Les parasites de l'un et de l'autre n'ont rien à voir, mais l'action vermifuge du vinaigre a bien été démontrée en association avec du gingembre. Il faudra se contenter de ce résultat, avec toutes les réserves qui s’imposent, évidement.

Dans l’absolu, le gingembre est un aliment pouvant être ingéré par la poule et n’est pas nocif. Rien ne s’oppose à utiliser le gingembre, d’autant qu’il a des propriétés digestives, antioxydantes et possède un composé, le gingerol, aidant à lutter contre les parasites intestinaux. Difficile de dire si l’association avec le vinaigre aurait ou non une quelconque efficacité sur les parasites des poules, elle ne semble pas poser de problèmes de toxicité en tout cas, surtout sur des dosages aussi faibles (0,1gr de gingembre en poudre correspond à 2 pincées à peine).

Je vous proposerais bien d'autres sources, mais c'est la seule :-) Il n'existe donc aucune preuve scientifique de l'efficacité vermifuge du vinaigre. L'expérience semble néanmoins montrer que le vinaigre a bien un effet préventif pour éviter les parasites. En cas de présence avérée de parasites internes, je vous invite à utiliser un vermifuge chimique adapté.

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Les autres effets du vinaigre

Les vertus du vinaigre de cidre naturel tiennent au moins d’une certitude sur son acidité. Certaines autres propriétés semblent empruntées à son origine probiotique mais il faut reconnaître la littérature scientifique est assez réduite sur l'action du vinaigre sur les poules même si certains articles fiables rédigés par des vétérinaires ou sur des sites de publications scientifiques en font mention (cf. sources). La liste des effets qui semblent établis est la suivante :

• Action antifongique
  

• Augmentation de l'acidité (baisse du ph) dans le système digestif ayant pour effet de réduire les microbes pathogènes ingérés et prévenir ou traiter ces microbes.

• Effets antibactériens (réduction de l'activité) testé sur E. coli, le Staphylocoque doré et Candida albicans(source)  (testés sur de la viande de poulet : source)

• Amélioration de l'état du tube digestif et de la fonction intestinale
  

• Production de probiotiques et d'antioxydants naturels qui protégent contre les dommages cellulaires (résultant de l'origine naturelle du vinaigre)

• Contribution indirecte à l'équilibre acido-basique (en puisant sur les ressources en calcium après avoir acidifié l'organisme)

• Amélioration de la réponse immunitaire, production d'une plus grande quantité d'anticorps contre la maladie de newcastle
  

• Production d'oligo-éléments, de vitamines et d'acides aminés.

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Conclusions :

Les trės nombreuses vertus qu'on prête au vinaigre ne sont pas toutes fondées. Il n'empêche que bien utilisé, le vinaigre dilué reste un agent acide puissant très favorable à la santé des poules, son principal domaine d’efficacité sera  l'usage antimicrobien préventif.

Néanmoins, comme tout acide, le vinaigre, même très dilué, comporte des risques directs et indirects et nécessite une grande vigilance lors de son utilisation pour ne pas devenir nocif, voire toxique pour les poules.

Il ne suffit donc pas de le doser de manière très précise, l'utilisation du vinaigre doit aussi faire impérativement l'objet des 4 précautions drastiques citées précédemment (santé de la poule, antibiotique, abreuvoir en zinc, chaleur et canicule)

A ces conditions, le vinaigre peut être utilisé principalement pour acidifier ou réguler le ph de l'organisme, en préventif contre la coccidiose, les parasites internes, les maladies fongiques ou les maladies bactériennes. Si une pathologie devait survenir, il sera préférable de recourir à des traitements curatifs adaptés.

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Sources : Article de 2008 - International Journal of Poultry Science Abdel‐Fattah.  /  Articles : American Journal of Animal and Veterinary Sciences, 2018- 2019 - Hayajneh / Article : Veterinary Medicine and Science. 2021 - Jahantigh / Etude de 2017 -Tasharofi / Etude de 2018 Yagnik Serafin Shah

Auteur : JT - Plumage

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