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Du caractère du Bon Roi Henri

  • Par Gimdolf_Fleurdelune
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Dès le jour où, roi de Navarre, il prit une part active aux affaires publiques, ce fils de Jeanne d'Albret et d'Antoine de Bourbon se fit remarquer par une vaillance audacieuse, une belle humeur face au danger et cette gaieté dans l'infortune qui donnèrent tant de charme à sa physionomie et qui ont contribué à sa popularité.

Doué d'une intelligence supérieure, d'une merveilleuse variété d'aptitudes, d'une perspicacité très pénétrante, d'un jugement très droit, d'un bon sens ferme et pratique, d'une volonté forte qui ne fut jamais de l'entêtement et qui savait fléchir, capable de réflexion mais aussi de prompte résolution, il fut à la hauteur de sa tâche dans les travaux de la paix comme il l'avait été sur les champs de bataille et il sut retrouver la richesse publique, établir la liberté de conscience, concevoir à l'extérieur une politique vraiment nationale.

Ses conseillers le secondèrent efficacement et avec dévouement parce qu'ils trouvèrent en lui un chef de taille à les comprendre et digne de les diriger.

Henri IV avait la passion du bien public, comme cela ressort avec évidence de la lecture de ses lettres :

"Si on ruine mon peuple, qui me nourrira ? Qui soutiendra les charges de l'Etat ? Qui payera vos pensions ? C'est lui qui nous fait tous vivre."

"L'impression au monde que je crains le plus qui entre dans le coeur de mes sujets est que je me gouverne par autre chose que par la raison."

"Je suis né et élevé dans les travaux et périls de la guerre. Là se cueille la gloire, vraie pâture de toute âme vraiment royale, comme la rose dedans les épines. Mais je me suis bien lassé des calamités et misères que mon peuple endure par icelle."

Augustin Thierry, un historien du XIXe siècle, a écrit de lui à son sujet :

"A la sagesse des hommes pratiques, à cet instinct qui va droit à l'utile et au possible, qui prend ou rejette sans prévention et sans passion, au commandement le plus absolu, il joignait la séduction des manières et une grâce de propos inimitable."

Le premier roi Bourbon n'était toutefois pas exempt de défauts et beaucoup de ses contemporains ont insisté sur son ingratitude envers ceux qui s'étaient sacrifiés à sa cause, sur son avarice dont il ne se départissait que lorsque ses passions étaient en jeu, sur les scandales de sa vie privée qui coûtèrent si cher au Trésor ; même après sa conversion, sa moralité ne s'amanda jamais sérieusement.

Yves de la Brière a écrit :

"Les impétuosités d'un tempérament débordant de sève ; l'influence corruptrice de la cour des derniers Valois où il passa une partie de sa jeunesse, la licence universelle et inouïe qui atteignit, lors des guerres civiles du XVIe siècle, cette vie des camps que, durant sept années, dut mener le Béarnais, toutes ces causes expliquent, sans cependant l'excuser, le scandale permanent des honteuses faiblesse dont Henri IV ne se corrigera pas."

Henri IV vivait avec ses courtisans sur le pied d'une véritable camaraderie. Il aimait la simplicité, la familiarité, dédaignait les formes trop pompeuses d'une étiquette cérémonieuse et raffinée mais mortellement ennuyeuse : il ne voulait pas soumettre son entourage à une contrainte qu'il n'entendait pas s'imposer à lui-même. Il se montrait tel qu'il était, avec ses qualités et ses défauts ; il avait horreur des convenances et des artifice. On connait cette fameuse anecdote, devenue populaire, du Roi recevant l'ambassadeur d'Espagne pendant qu'il jouait avec ses enfants en les promenant sur son dos :

"Avez-vous des enfants, monsieur l'ambassadeur ?"

"Oui, Sire."

"En ce cas, je puis achever le tour de la chambre."

Le mémorialiste Péréfixe rajoute à ce sujet :

"Henri IV aimait tous ses enfants, légitimes et naturels, avec une affection pareille, mais avec différente considération. Il ne voulait pas qu'ils l'appelassent monsieur, nom qui semble rendre les enfants étrangers à leur père et qui marque la servitude et la sujétion, mais qu'ils l'appelassent papa, nom de tendresse et d'amour."

En matière de langage et de moeurs, la cour de Henri IV dépasse celle des Valois, qui ne pouvait passer pour une école de vertus.


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