Under The HawThorn Tree
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Titre Original : Shan Zha Shu Zhi Lian
Pays : Chine
Date de sortie : 16 septembre 2010
Réalisateur : Yimou Zhang
Acteurs : Dongyu Zhou, Shawn Dou, Meijuan Xi
Genres : Drame, Romance, Historique
Durée : 114 minutes
Synopsis
En 1974, à l'époque de la révolution culturelle en République populaire de Chine, Jing, jeune lycéenne de la ville, est envoyée dans un village perdu de montagne pour y être "rééduquée". Son père est en prison car jugé contre-révolutionnaire et sa mère doit subvenir seule aux besoins de ses trois enfants. Jing sait que ce n'est pas seulement son propre avenir mais aussi celui de toute sa famille qui dépend de l'appréciation par les autorités des résultats de sa "rééducation". Jing cesse de se comporter avec prudence et discrétion le jour où elle tombe amoureuse de Sun, le fils d'un officier d'élite du régime révolutionnaire.
Informations supplémentaires
Ce film est basé sur le roman de Ai Mi, "Hawthorn Tree Forever" inspiré de l'histoire réelle de l'amie de l'auteur, Jing. Le roman apparut en 2007 sur un site d'étudiants chinois émigrés mais le site fut bloqué par les autorités chinoises. Par la suite, le roman fut envoyé à un éditeur chinois et devint rapidement un bestseller édité dans plus de 15 pays, à plus d'un million d'exemplaires. On ne connaît pas grand chose de l'auteur du roman qui se cache derrière un nom de plume mais il s'agirait d'une femme vivant discrètement en Floride.
La révolution culturelle chinoise débute en 1966 à l’initiative de Mao Tse Toung. Toujours officiellement à la tête du Parti Communiste chinois (PCC), mais peu à peu écarté de la gestion des affaires économiques après l’échec du « Grand Bond en avant », lancé en 1958 et cause de la Grande Famine, il a dû céder son poste de Président de la République populaire de Chine à Liu Shaoqi, en avril 1959. Avec son premier ministre, Deng Xiaoping, Liu Shaoqi, son successeur, a adopté, dès l’année suivante, un programme plus modéré pour redresser la nation. À partir de 1962 et jusqu’en 1965, Mao Tse Toung et Liu Shaoqi entrent en conflit larvé : Mao, qui juge sa politique révisionniste, lance le « Mouvement d’éducation socialiste », visant tous les cadres ayant participé à la « relative » libéralisation du système de productivité dans les campagnes. En 1964, il publie « Le Petit Livre rouge ». En 1966, les désaccords de plus en plus ouverts qui l’opposent à Liu Shaoqi et une majorité de cadres du Parti, le décident à s’appuyer sur la jeunesse du pays pour relancer le mouvement révolutionnaire et restaurer son pouvoir. Mao Tse Toung voit en elle la première génération « pure » : façonnée par le nouveau régime, elle n’a connu ni la Chine nationaliste ni la corruption capitaliste.
Formés de collégiens et d’étudiants chinois et inspirés par les principes du « Petit Livre rouge », les gardes rouges deviennent le bras armé de la grande révolution culturelle prolétarienne. Ils remettent en cause toute hiérarchie, notamment celle du PCC alors en poste, et dénoncent les valeurs culturelles chinoises traditionnelles, nommées « 4 vieilleries » (vieilles idées, vieille culture, vieilles coutumes, vieilles habitudes). Intellectuels et cadres du Parti sont publiquement humiliés. Des milliers de sculptures et de temples sont détruits. L’expression politique se libère par le canal des Dazibao, affiches et prospectus dans lesquels la jeunesse chinoise explique ses objectifs et dénoncent les « contre-révolutionnaires ». La période qui s’ensuit permet à Mao Tse Toung de reprendre le contrôle de l’État et du PCC mais mène la Chine au bord de la guerre civile.
Le mouvement d’envoi des jeunes instruits à la campagne
La moitié de la génération de jeunes citadins est concernée par ce mouvement de déportation massif dans les campagnes. Âgés d’entre 15 et 30 ans, les jeunes instruits, qui ne sont pas à proprement parler des intellectuels (beaucoup d’entre eux n’ont pas terminé leurs années de collège), viennent de tous les milieux : fils d’ouvriers, de cadres et de soldats révolutionnaires aussi bien qu’enfants des ennemis du régime. Les premiers à partir sont les « Trois promotions » de 1966, 1967 et 1968 qui n’ont pas été diplômées à cause de la Révolution culturelle. Ceux-là peuvent choisir leur destination et s’y rendre avec plusieurs amis. Les « Six promotions » suivantes » sont moins chanceuses : les conditions de départ sont de plus en plus brutales.
Dès 1967, l’envoi des jeunes instruits à la campagne offre à Mao Tse Toung l’opportunité de se débarrasser des gardes rouges mis en place entre 1966 et 1968. Mao vise également un autre objectif : former une « génération de successeurs révolutionnaires » endurcie par les épreuves. Il veut réapprendre les vraies valeurs aux jeunes citadins, qu’il considère de plus en plus élitistes et coupés des masses. Pour encourager leur goût de l’effort et de l’endurance, les familiariser avec un mode de vie spartiate, certains cadres iront jusqu’à contraindre de jeunes instruits à moissonner à la faucille.
Le déplacement des jeunes instruits dans les campagnes dure jusqu’en 1976, parfois jusqu’en 1978. On les déplace d’année en année, les envoyant de préférence dans les banlieues agricoles ou des fermes de l’armée. Parqués le plus souvent dans des « points de jeunesse », beaucoup d’entre eux participent peu à la vie des paysans : ne manquant pas de main d’œuvre, ceux-ci les considèrent comme autant de bouches inutiles à nourrir. Brutalisés par les cadres, victimes de brimades de la part des paysans, la plupart des jeunes instruits ne pensent qu’à revenir à la ville. S’ils se sentent de peu d’utilité, ils ont tout loisir d’observer un monde qui leur est étranger, le sous développement agricole et la lenteur des transformations opérées par le communisme mais aussi des traditions dont ils ignorent tout. Ils mettent à profit ces observations pour découvrir la réalité de la gestion des cadres du Parti. Les plus conscients, comme Jiang Rong, l’auteur du « Totem du loup », se mettent à douter du régime.
Quoi qu’encadrés dans la journée, les jeunes instruits jouissent, durant leur exil, d’une liberté d’expression qu’ils n’ont jamais connue auparavant. Les veillées sont propices aux débats d’opinion et toutes peuvent être formulées. Des ouvrages interdits circulent en cachette. Loin de leurs familles, les jeunes instruits développent un goût pour l’écriture et le sens critique et s’attellent à la rédaction de journaux intimes, poésie et romans. Paradoxalement, ils se libèrent mentalement des diktats de la révolution culturelle.
À leur retour, les jeunes instruits peinent à se réinsérer. Transformés par leurs années passées à la campagne, ils éprouvent des difficultés à renouer avec les études. Déclassée, sans formation et sans aucun soutien de l’État, cette génération, qui se sent mise au ban de la société, se retrouve sans travail. Sa désillusion totale sur la nature du régime fera d’elle un levier puissant du mouvement démocratique chinois à la fin des années 1970. Près de 40 ans plus tard, les jeunes instruits, ayant réussi à réintégrer le système universitaire et obtenir leurs diplômes, font partie des sexagénaires et septuagénaires qui sont au sommet de l’État et prônent l’ouverture au libéralisme. Le président Xi Jinping appartient à cette génération perdue.