Chihayafuru Part II
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Titre Original : Chihayafuru: Shimo no ku
Pays : Japon
Date de sortie : 29 avril 2016
Réalisateur : Norihiro Koizumi
Acteurs : Suzu Hirose, Shûhei Nomura, Mackenyu
Genres : Comédie, Romance
Durée : 102 minutes
Synopsis
Qualifiée pour le championnat national de karuta, l'équipe du lycée Mizusawa emmenée par Chihaya et Taichi est cependant en proie à de nombreux doutes. Taichi essaie de monter en grade secrètement tandis que Chihaya s'est trouvée une rivale personnelle en la personne de Wakamiya Shinobu et passe donc son temps à s'entraîner seule contre des gauchers, négligeant la compétition par équipe. Devant le drame vécu par leur ancien ami Arata, Chihaya et Taichi vont cependant reprendre conscience de l'importance de l'esprit de groupe dans leur discipline.
Informations supplémentaires
Si vous n’êtes pas amateur de mangas ou d’animés, le jeu du Karuta ne vous dit sans doute rien. Et pour cause, ce jeu traditionnel japonais, dont les ébauches arrivent en même temps que les cartes à jouer au Japon avec les marchands portugais, nécessite quelques qualités dont la moindre est celle de lire l’alphabet hiragana. Du coup ça limite un peu les joueurs géographiquement.
L’hiragana est un des trois alphabets utilisé sau Japon (pauvres écoliers) mais c’est le plus simple car il est phonétique. Chaque caractère représente une syllabe et toujours la même où quelle soit placée. C’est la porte d’entrée la plus simple pour la langue japonaise. Quand les japonais découvrent les jeux de cartes, ils trouvent que les jeux aux enseignes européennes ne sont pas très parlants pour eux et un peu guerriers comme distraction. Ils adopteront des voies plus poétiques comme le Hanafuda avec des fleurs et des saisons et le Karuta (de Carta en portugais) puisera directement dans la poésie et particulièrement le Hyakunin isshu ou cent poèmes, cent poètes qui est une compilation de poèmes de la période Heian (794-1192).
D’abord jeu de lettrés, le Karuta devient ensuite plus populaire pour se jouer en famille lors des fêtes du nouvel an. Le jeu familial se pratique à plusieurs joueurs. Les cartes sont de deux types : un paquet de 100 cartes (généralement illustrées) sont les fameux 100 poèmes. Il existe plusieurs formes de poésies au Japon dont la plus connue à l’étranger sont les fameux Haikus. Ici ce sont des poèmes de 31 syllabes composés en 5-7-5-6-7.
Si chaque carte du paquet du récitant montre la totalité du poème, l’autre paquet (celui des joueurs) n’en montre que les secondes parties. On étale toutes les cartes joueurs au milieu de l’aire de jeu et l’un des joueurs prend le rôle de narrateur. Il tire au hasard une carte poème et commence à la réciter. Les joueurs, attentifs, doivent alors s’emparer le plus vite possible de la carte qui correspond à la seconde partie du poème récité. Voilà la deuxième raison qui a freiné la diffusion du jeu : il faut donc connaître les cent poèmes par cœur !
Comme les japonais aiment autant la compétition que la poésie, une forme plus sportive du Karuta a vu le jour. Une forme de jeu plutôt spectaculaire d’ailleurs. Cette fois, il n’y a que deux opposants. Le principe du jeu reste globalement le même : désigner le plus vite possible la carte correspondant à la seconde partie du poème récité. Seulement cette fois la stratégie entre en œuvre. Chaque joueur va piocher au hasard 25 cartes. Sur les cent poèmes seuls 50 seront donc en jeu. Les autres sont appelés cartes mortes mais le récitant les aura quand même dans son paquet. On ne peut donc savoir si le poème récité sera en jeu ou pas. Les joueurs, face à face sur leur tatami sont libre de disposer leur 25 cartes faces visibles dans leur camp. Et ce placement de départ n’est pas anodin. Une des particularités de la langue japonaise en hiragana fait que beaucoup de poèmes commencent par les mêmes syllabes. Par exemple, un des poèmes commence par chigiriokishi et un autre par chigirikina. On ne peut donc identifier la carte correspondante par le début chigiri car il existe deux possibilités et se tromper est pénalisant.
Les joueurs distinguent donc les cartes par la rapidité avec laquelle on peut les identifier. Chihayaburu est, par exemple, le poème le plus simple pour les débutants car il n’existe qu’une seule carte dont le poème commence par Chiha. Pour les plus complexes, on ne peut identifier le poème qu’à la septième syllabe ! Ces poèmes sont surnommés l’aigle sur la montagne. Cela évoque la position des joueurs qui se penchent de plus en en plus vers les cartes tandis que les options se restreignent au fur et à mesure de la lecture. Une règle qui va influencer tout le jeu est que l’on est pas obligé de ne toucher que la bonne carte ! Imaginons que vous avez un super pouvoir qui vous permet de toucher les 50 cartes d’un seul geste et vous êtes gagnant car la bonne carte est concernée. Donc, par exemple, si j’ai tiré dans mon camp chigirioki et Chigirikina, il est judicieux que je les place l’une à côté de l’autre car je pourrais les toucher ensemble dès que j’entends chigi puisque l’une des deux sera forcément la bonne.
L’autre versant de la stratégie de disposition dépend des joueurs. Tous ont leur poèmes préférés dont ils sont sûrs de les repérer facilement. On peut donc prendre le risque de les poser plus près de l’adversaire en misant sur notre avantage de familiarité avec ces cartes. Inversement, si l’on connaît notre adversaire et que l’on a repéré ses cartes préférées, nous allons les disposer plus près de nous de telle sorte qu’il aura plus de distance à parcourir pour les toucher. Une chose importante dans un jeu qui se joue au centième de seconde… Le fait de pouvoir toucher plusieurs cartes tant que la bonne fait partie du lot est la chose qui rend le jeu si impressionnant. On voit les cartes voler dans les airs avec des coups de main frottés dignes des meilleurs karatékas.
Le but du jeu compétitif est de vider son camp de cartes le premier. Réussites et pénalités font que parfois un joueur doit donner une de ses cartes à l’autre, accélérant ainsi son jeu et ralentissant l’adversaire. Autre particularité du Karuta, c’est que les compétitions sont mixtes. À la fois entre sexes et âges. Les catégories de joueurs se font à la qualité et un enfant peu très bien jouer contre un vieux maître. Un cas rare dans les sports et les jeux compétitifs. Par contre les compétitions récompensent à la fois un roi et une reine du jeu.
Les préalables pour jouer au Karuta ont fait que le jeu n’est pas vraiment sorti du Japon et qu’il a même connu une longue phase de récession qui le réservait uniquement à un public de passionnés. Passionnés jugés à la fois un peu bizarres et un peu ringards par les nouvelles générations. Mais voilà qu’est publié un manga nommé Chihayafuru ! C’est un peu l’équivalent du populaire Hikaru no Go mais version féminine et donc consacré cette fois au Karuta de compétition. Le succès est à la fois immédiat et immense au Japon. Tout une nouvelle génération redécouvre ce jeu traditionnel et ses raffinements et les clubs de Karuta un peu délaissés se remplissent à nouveau de jeunes passionnés. La version anime du manga qui suivra de peu, continuera à rendre le jeu encore plus populaire. Mieux encore, le manga est également un succès en France et voilà que des clubs de Karuta poussent ici et là. Beaucoup de passionnés de culture japonaise connaissent l’hiragana et encore plus s’y initient en profitant de cet aspect ludique.