Main photo La Viande en France : Entre Dépendance et Espoir

La Viande en France : Entre Dépendance et Espoir

  • Par agri
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La France, ce pays autrefois fier de son autosuffisance alimentaire, fait face aujourd'hui à une réalité troublante : un tiers de la viande que nous consommons vient de l'étranger. Comment en sommes-nous arrivés là ? Et surtout, comment pouvons-nous inverser la tendance ?

Imaginez un instant : vous allez au supermarché, et parmi les étals de poulet, de bœuf ou d'agneau, une partie significative a traversé des milliers de kilomètres. 25 % du bœuf, la moitié du poulet, près de 60 % de l'agneau. Ce n'est pas qu'une question de distance, c'est aussi une question de dépendance.

Cette dépendance a un coût. Non seulement financier—trois milliards d'euros dépensés en importations, trois fois plus qu'il y a dix ans—mais aussi environnemental. Importer de la viande, c'est souvent importer des pratiques que nous critiquons chez nous : déforestation, conditions d'élevage douteuses, empreinte carbone accrue.

Et pourtant, la consommation de viande en France n'a pas baissé de manière drastique. Oui, nous mangeons un peu moins qu'avant—83 kilos par personne et par an contre 90 il y a quelques décennies. Mais la population a grandi, et la volaille, en particulier, s'est banalisée, accessible à tous. Le problème ? Notre production nationale n'a pas suivi.

En fait, elle a régressé. Sur 30 ans, la production de viande en France a chuté de 12,5 %. Seule la production porcine résiste, tandis que le bœuf, la volaille et l'agneau s'effondrent. Pourquoi ? Les raisons sont multiples : normes environnementales strictes, manque d'investissements, attrition des exploitations.

Alors, que faire ? Certains diront : "Mangeons moins de viande." C'est une idée, mais ce n'est pas une solution rapide. Les habitudes changent lentement, et la demande reste forte. Pire, une baisse de consommation sans relance de la production risquerait de frapper d'abord nos agriculteurs, déjà sous pression.

La vraie réponse, c'est de revitaliser notre production. Et pas n'importe comment. Prenons l'exemple de la volaille, la viande la plus consommée. L'élevage, lorsqu'il est bien mené, peut être vertueux : prairies entretenues, captation de carbone, santé des sols. Il suffit de corriger nos lacunes, comme notre dépendance aux protéines végétales importées.

Revitaliser, cela signifie aussi investir. Investir dans des pratiques durables, dans des infrastructures, dans des formations. Cela signifie soutenir nos éleveurs, pas les abandonner face à une concurrence internationale souvent moins regardante sur les standards.

Car importer, ce n'est pas seulement acheter ailleurs. C'est aussi perdre des emplois, des richesses locales, des paysages. C'est voir nos prairies disparaître, notre biodiversité s'appauvrir. Et c'est accepter que des pays comme l'Ukraine ou le Brésil dictent, en partie, ce que nous mangeons.

Il y a un espoir, cependant. La France a les moyens, les savoirs, les terres. Nous pouvons redevenir autosuffisants, ou du moins réduire drastiquement notre dépendance. Mais cela demande une vision, une politique, un engagement. Cela demande de choisir entre continuer sur la voie de la facilité ou reprendre le contrôle de notre assiette.

Alors, la prochaine fois que vous achetez de la viande, posez-vous la question : d'où vient-elle ? Et surtout, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour soutenir ceux qui la produisent ici, chez nous. Car la souveraineté alimentaire, ce n'est pas qu'un concept. C'est notre avenir.


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